Éthique et vieillissement : assumer la métamorphose
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Hughes Bensaïd, médecin coordonnateur en EHPAD des résidences DomusVi Les Marines et Rabelais à Asnières, estime qu’il convient d’ « aborder l’humain non pas comme celui qui habite le monde, y travaille, le connaît, mais comme celui qui y vieillit, s’y retire, se défait de sa condition d’être, de son inter-essement [du latin interesse : être entre ; être parmi ; être présent ; assister à ; être distant], le retrait « signifiant déjà, de par l’attente et la patience du temps, comme un “après vous Monsieur”, comme une déposition du moi pour l’autre, un “se livrer”, éthique première. La rencontre des œuvres de Levinas, de la Métamorphose de Kafka et de l’expérience gériatrique invitent à repenser le vieillissement à la fois comme modalité du psychisme et éveil éthique de l’homme ». Éric Fiat, maître de conférences à l’Université Paris-Est, considère lui aussi que « la vieillesse s’inscrit dans la logique métamorphique de la vie » : « tragiquement, notre monde tend à en faire une maladie et à refuser certaines de ses manifestations radicales comme la démence. Pourtant, seul un vivant peut connaître la vieillesse et il serait anormal de ne pas vieillir. » Seule une éthique assumant les métamorphoses imposées par le temps et ne faisant pas de la pensée consciente l’essence de l’homme pourra appeler authentiquement à avoir pour les vieillards “la main qui veille et le cœur endurant”. »
Bensaïd H. « Éveil à l’impensé de notre vieillissement ». Gérontologie et société2013 ; 144(1) : 69-81. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_144_0069. Fiat E. « Face aux métamorphoses, la main qui veille et le cœur endurant ». Gérontologie et société 2013 ; 144(1) : 41-55. Mars 2013. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_144_0041.