Est-on libre en maison de retraite ? (4)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
15 février 2013

Selon une enquête de 2009 de la Fondation Médéric Alzheimer, 88% des EHPAD déclaraient avoir recours à des « mesures de protection » pour éviter les fugues : « ces dernières années se sont multipliées les unités Alzheimer fermées, les digicodes, les portiques qui réagissent à des puces placées dans les vêtements ou les chaussures des résidents, les bracelets électroniques », écrit Laëtitia Clavreul, du Monde. La CNIL (commission nationale Informatique et libertés) avait pointé des dérives potentielles. « C’est fondamental de protéger, mais attention à ne pas transformer les maisons de retraite en quartiers de haute sécurité. Le risque, c’est d’étendre à tous des mesures en principe réservées aux plus vulnérables », alerte Marie-Jo Guisset-Martinez, responsable du pôle Initiative locales de la Fondation Médéric Alzheimer, qui met en garde : « aujourd’hui, on voit certains établissements qui, sans rien dire aux résidents, posent des puces dans leurs chaussures pour déclencher un signal d’alarme en cas de franchissement de la porte d’entrée ». Le port d’un bracelet accorde-t-il plus ou moins de liberté ? Une clarification en termes juridiques et de bonnes pratiques est nécessaire pour trouver des solutions éthiquement acceptables. Didier Armaingaud, directeur médical du groupe Médica, estime que les bracelets permettent la sortie de personnes âgées atteintes de troubles cognitifs, qui n’y étaient plus autorisées de peur qu’elles ne se perdent, une crainte souvent émise par la famille. Joëlle Le Gall, présidente de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles (FNAPAEF), déclare « c’est dur d’être contre ces bracelets, mais ils ne doivent pas devenir un moyen de pallier le manque de personnel. « La robotique ne remplace pas l’humain : c’est la vigilance éthique des personnels en nombre suffisant, qui protège les personnes », renchérit Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre à l’hôpital gériatrique Emile-Roux de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne).

Le Monde, 26 février 2013. La Croix, 25 février 2013.