Essais de prévention de la maladie d'Alzheimer

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Date de rédaction :
01 mars 2010

Les mécanismes physiopathologiques de la maladie d’Alzheimer sont actifs bien avant l’apparition des symptômes cliniques. Les processus de compensation assurent un maintien des réserves cognitives qui retarderaient l’apparition des symptômes. Ainsi la maladie d’Alzheimer évoluerait en trois phases : une phase asymptomatique, une phase pré-démentielle (déclin cognitif modéré) et une phase démentielle. Un retard d’un an de l’entrée en phase clinique diminuerait la prévalence de 25% et un retard de cinq ans diminuerait la prévalence de 50% dans la population après cinquante ans d’application de la prévention. Une diminution de 10% de la prévalence correspondrait à une diminution de deux cent dix mille patients sur un an et une économie de dix milliards de dollars US. Les facteurs de risque sont vasculaires ou rattachés au mode de vie (activité physique, alimentation, activités cognitives…). Les études randomisées nécessaires pour démontrer l’efficacité des interventions ciblant ces facteurs en prévention primaire, posent cependant des questions sur le plan méthodologique (population cible ? Critères de jugement ?). Les personnes âgées exprimant une plainte de la mémoire à leur médecin traitant et les personnes âgées fragiles sont deux populations à cibler dans les essais de prévention. En effet, les personnes exprimant une plainte de la mémoire présentent également des symptômes dépressifs, des performances plus faibles aux tests de la mémoire ainsi qu’aux tests d’évaluation des fonctions exécutives. Les personnes âgées fragiles c’est-à-dire incapables de résister à des agressions telles que des perturbations du milieu environnant, des blessures ou des maladies aiguës, ont un risque plus élevé de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer. La vitesse de marche est le marqueur de fragilité le plus pertinent chez les sujets âgés.
Par ailleurs, concernant le déclin cognitif, la recherche de critères de substitution est nécessaire pour la réalisation des futurs essais de prévention. En effet, les études sur la prévention visant la diminution de l’incidence de la maladie d’Alzheimer se sont heurtées aux difficultés techniques liées au suivi de milliers de sujets pendant plusieurs années. L’utilisation de critères de substitution cliniques ou para-cliniques permettrait de réduire de manière significative le nombre de sujets nécessaire et la durée du suivi.

La Lettre mensuelle de l’année gérontologique. Gillette S. Essai de prévention de la maladie d’Alzheimer : quelle(s) population(s) cibler ? Quel critère de jugement retenir ? Comment affiner notre connaissance des sujets à risque ? Février 2010.