Environnement sensoriel : se mettre dans la peau de la personne âgée (2)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
08 juillet 2011

A l’EHPAD du Bethel, près de Strasbourg, six salariées (aides-soignantes, agentes de service hospitalier, kinésithérapeute) ont endossé une combinaison (Samo-simulating old age mobility) simulant les contraintes du grand âge : les sensations désagréables de cette expérience concrète incitent à changer le regard sur les personnes dépendantes et les pratiques professionnelles. Il faut plusieurs minutes pour enfiler cette combinaison initialement conçue au Japon : une paire de lunettes jaunes simulant un début de cataracte, qui trouble la vue tout en limitant le champ de vision latéral, une minerve autour du cou, une veste lestée de quinze kilos, des bandages entravant les articulations des coudes et genoux pour simuler l’arthrose, un casque limitant l’audition, et des chaussons et chaussettes emplies de petites billes, qui limitent grandement la stabilité et encouragent à traîner des pieds. Une fois cet attirail enfilé, le monde alentour prend une autre dimension : trottiner dans un couloir devient un chemin de croix, se relever un défi, suivre une conversation animée à table une épreuve de concentration intense. Vingt minutes dans la peau d’une personne de plus de quatre-vingts ans suffisent à changer le regard des professionnels. Ce changement de perception amène une rapide remise en cause de certains gestes et pratiques, qui n’apparaissent plus du tout adaptés. La combinaison, testée par un architecte, devrait apparaître dans une scène du film de Julie Gavras Trois fois vingt ans.

Le Mensuel des maisons de retraite, juin-juillet 2011.