Entrer et sortir : une porte doit-elle être ouverte ou fermée ?

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 février 2010

Pour Colette Eynard, consultante en gérontologie, la peur du risque, largement partagée par les familles, et par conséquent une attitude défensive du personnel, ont pour résultat de multiples interdictions, même quand il n’y a pas de danger objectif. Elle cite la fermeture presque systématique des portes qui mènent au jardin dit « sécurisé », alors que cet espace pourrait être un espace de liberté et de découvertes. Selon elle, la notion d’usage de l’espace est, en effet, largement méconnue dans le milieu gérontologique qui met plutôt l’accent sur la fonction des espaces, sans s’inquiéter de savoir si ceux-ci ont les caractéristiques qui leur permettraient d’être réellement habités, les résidents n’ayant bien souvent d’autre choix que celui de vivre dans l’espace de travail du personnel. Et pourtant, quand il s’agit d’un lieu dont les occupants sont « à demeure », ne serait-il pas plus intéressant de travailler sur la qualité d’usage, qui intéresse tous les usagers, et surtout l’usager « résident », plutôt que sur sa fonctionnalité ? Si la porte est fermée, ce qui peut être un choix, ni son ouverture ni sa fermeture n’ont été pensées sous l’angle de l’usage, comme si cette porte était en réalité un mur, et comme si les entrées et les sorties ne pouvaient être que furtives et presque clandestines.
Pourquoi le risque de blessures physiques nous interpelle-t-il plus que les conséquences psychologiques et physiques causées par l’enfermement ? s’interroge Mary Marshall, professeur émérite à l’Université de Stirling (Ecosse, Royaume-Uni), qui se déclare choquée par l’attitude de certaines maisons de retraite refusant l’accès aux balcons, terrasses et jardins aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sous prétexte de sécurité. Les résidents devraient pouvoir sortir quand cela leur plaît, à des moments adaptés à leur propre rythme de vie. Une étude écossaise montre que l’équipe ne comprend pas forcément toujours pourquoi le besoin de sortir des personnes malades peut s’avérer si important à un instant précis et reste souvent absorbée par les activités de l’établissement. Quant à la chambre individuelle, le personnel devrait comprendre qu’il s’agit d’un espace privé et qu’on ne devrait pouvoir y entrer qu’avec l’accord du résident, sous la seule réserve des nécessités du service fixées en commun, selon Elisabeth Donnelly, directeur général de l’association Le Moulin Vert de Paris ; « en tant qu’invité du résident », se plaît à dire Mary Marshall.

La Lettre de l’Observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer. Fontaine D. Respect des droits des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en EHPAD. 2ème partie : la vie dans l’établissement. Janvier 2010. Lettre d’information EHESP, 1 février 2010. www.agevillagepro.com, 2 février 2010. www.ash.tm;fr, 3 février 2010. www.localtis.info, 5 février 2010. Panorama du Médecin, www.unaf.fr, actionsociale.weka.fr, 8 février 2010. lagedor.fr, 9 février 2010. Protection sociale, 10 février 2010.