Entendre les refus pour renforcer le professionnalisme

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
21 mai 2012

« C’est en général le soignant, et non le soin, que la personne refuse, parce que la rencontre survient à un moment qui peut être difficile », écrivent Boualem Bouarab, Fabienne Chetaille, Elisabeth Ferreira et Thierry Meret, respectivement directeur des soins, médecin coordonnateur, psychologue et gériatre à la résidence Orpéa de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse (Yvelines). « L’évolution vers les stades avancés de la maladie et la grande dépendance confronte souvent aux dilemmes les plus aigus : la famille s’éloigne, les relations se compliquent.  Le sens et les objectifs du soin peuvent alors poser question. C’est le cas s’agissant de l’alimentation, maintenue coûte que coûte, parfois supplémentée, voire violemment refusée par le résident lui-même, au point de parfois laisser penser qu’il a décidé de ne plus jamais manger et d’en finir. Face aux refus, le risque tient aux interprétations divergentes – interprétations pourtant nécessaires afin de maintenir une relation de sens, notamment lorsque la personne ne parle plus et que le non-verbal prend le relais. Serrer les dents ou repousser la cuiller ne signifie pas systématiquement que le résident ne souhaite plus s’alimenter, et ne signale dans bien des cas que la surprise ou le rejet face à un aliment nouveau. L’équipe soignante doit être capable de répondre à la famille, souvent tentée de demander si la personne pourra « durer longtemps comme cela, sans manger », quand elle ne cherche pas à « traiter » le refus de s’alimenter comme s’il s’agissait d’une maladie, par crainte du regard extérieur ». 

Le Journal du médecin coordonnateur, mai-juin 2012.