Enjeux électoraux : la dépendance (5)
Droit des personnes malades
Bertrand Fragonard, président délégué du Haut conseil à la famille, estime que le pivot de toute réforme de l’autonomie passe par une aide financière aux familles pour faire face aux coûts de l’hébergement : « le choc, c’est l’établissement. C’est cher, cela représente un budget de trois à quatre milliards d’euros que l’on ne sait pas comment financer », ajoutant cependant que ce montant est faible comparé aux six cents milliards de dépenses de la protection sociale. Mais il faut « une dépense efficiente, car les marges ne sont pas considérables ». La réduction des journées d’hospitalisation évitables permettrait d’économiser deux milliards d’euros.
L’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) s’est déclarée « ravie » que la question du financement de la perte d’autonomie soit débattue dans le cadre de l’élection présidentielle, appelant à une « grande politique » pour « améliorer la place des personnes âgées fragilisées dans notre société, approfondir la réflexion sur la vieillesse et le vieillissement de chacun, baisser le coût supporté par les personnes âgées et leurs familles, augmenter le nombre de professionnels à domicile et en établissement ». Pour Claudy Jarry, président de la FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées, représentant neuf cents adhérents, dont 50% de territoriaux, dans cinquante départements), « il n’y a pas de vision stratégique, alors qu’il faudrait une articulation entre politique de la ville, logement, aide à domicile… Des instruments sont disponibles, mais il n’y a pas de politique d’ensemble, par manque de réflexion sur la place de la personne âgée dans la cité ». La FNADEPA défend « un cinquième risque reposant sur la solidarité nationale et offrant plus de solutions aux personnes âgées en perte d’autonomie, à domicile ou en établissement ; un financement en faveur des personnels capables de garantir un accompagnement digne ; la reconnaissance de la personne âgée en tant qu’interlocuteur, acteur désirant, partenaire et citoyen ». C’est par le logement que les collectivités peuvent démarrer une stratégie capable d’offrir une alternative aux maisons de retraite coûteuses, tout en respectant la dignité des personnes, soutient Claudy Jarry. « Plutôt que le logement adapté, nous préconisons la construction de logements pour personnes à mobilité réduite dans des ensembles d’habitation mixtes. Cela doit être réalisé à l’initiative des collectivités, parce que les financements publics ne suffiront pas pour assurer le maintien à domicile, d’autant que les prochaines générations de retraités seront de moins en moins aisées ».
La Gazette des communes, des départements, des régions. 5 mars 2012. www.agevillagepro.com, 13 mars 2012.