En vente directe, un test génétique autorisé par les autorités américaines (2)

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Date de rédaction :
28 mars 2017

« Triomphe du marché et inquiétante première », écrit le journaliste Jean-Yves Nau. « La décision de la FDA est d’autant plus surprenante que cette puissante agence s’était opposée il y a peu à la commercialisation de ces tests.  Fin 2013, elle avait reproché à 23andMe (célèbre firme fondée par Anne Wojcicki, ancienne compagne de Sergei Brin, cofondateur de Google), de se livrer à une publicité mensongère. La firme avait alors fait marche arrière. Trois ans plus tard la fiabilité semble acceptable et un accord commercial et réglementaire a été trouvé. Loin des critiques éthiques pouvant être formulées, l’agence américaine estime que ces kits génétiques (utilisables sur échantillons salivaires) devraient permettre à qui le souhaite de se renseigner sur ses prédispositions génétiques ” et l’aider à prendre des décisions concernant son mode de vie ” ». « Il est important que le public comprenne que le risque génétique n’est qu’une pièce du puzzle et ne constitue pas la certitude que l’on va développer ou non une pathologie », précise le Dr Jeffrey Shuren, l’un des responsables de la FDA. Le “public” comprendra-t-il les nuances subtiles entre “diagnostic” et “prédisposition”, entre “génétique” [caractères transmis d’une génération à l’autre par des séquences d’ADN] et “épigénétique” [changement d’activités des gènes en fonction du contexte, ne faisant pas appel à des mutations de l’ADN] » ?, s’interroge Jean-Yves Nau. « Outre-Atlantique les acteurs du marché assurent que oui. La FDA postule que finalement les risques ne sont pas très élevés. Et le site Web de l’entreprise proposera, en option, des liens vers des conseillers génétiques. » « Jusqu’à présent, le seul moyen pour d’obtenir de tels tests génétiques était de voir un professionnel de la santé qui prescrirait un test et ensuite délivrerait les résultats aux patients. Souvent, les patients devaient consulter un conseiller génétique avant d’avoir un test » précise Gina Kolata, du New York Times. Mettre de tels tests en vente directe répond sans conteste à la volonté dévorante du marché. Est-ce un progrès ? Qui interdira à des citoyens français d’y avoir accès ? » questionne Jean-Yves Nau.