En écrivant, en persistant – Fragments 2013, de Soumya Ammar Khodja
Société inclusive
Une vieille dame s’est enfermée dans son appartement. Am et Tom ont contacté le gardien de l’immeuble, qui n’a rien voulu savoir, « et a asséné sur un ton définitif : “Oh, c’est une Alzheimer !” Am et Tom ont alors appelé les pompiers. Le gardien a été mal à l’aise. La vieille dame avait bloqué la porte de l’intérieur. Finalement, cédant à l’insistance et aux encouragements des pompiers, elle a ouvert et a déclaré qu’elle dormait profondément. Am a discuté avec la femme, émue par sa fierté (…). Une semaine plus tard, elle est revenue frapper à la porte de la vieille dame. Une inconnue, aide-sociale, lui a ouvert la porte. Am n’a pas supporté la façon dont cette professionnelle lui a parlé de la vieille femme, en sa présence, comme si celle-ci n’était plus une personne à part entière, avec son humanité, sa sensibilité, sa pudeur. En effet, c’est insupportable. Où apprend-on cela ? La chosification, la réification des vieux diminués par l’âge et ses maladies. Lorsque les vôtres vous quittent, lorsqu’il n’y a personne de quelque côté que vous regardiez, sur votre droite, sur votre gauche, devant vous, derrière vous, lorsque vous n’importez plus affectivement à personne, que devient-on ? », écrit Soumya Ammar Khodja. Enseignante universitaire à Alger jusqu’en 1994, elle anime aujourd’hui des ateliers d’écriture à Besançon.
Khodja SM. En écrivant, en persistant. Moebius 2016 ; 150 : 63-67. Septembre 2016. www.erudit.org/culture/moebius1006620/moebius02661/83423ac.html?vue=resume&mode=restriction.