EHPAD spécialisés Alzheimer

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
08 juillet 2015

Certains établissements font le choix de construire des établissements 100% dédiés à la maladie d’Alzheimer. C’est le cas, par exemple, de l’EHPAD Les Jardins du Kem à Thionville (Moselle), de celui du groupe Korian au Teilleul (Manche), des cinq EHPAD du groupe Almage, dont Les Parentèles de la rue Blanche à Paris, qui « n’exclut pas les malades perturbateurs » et « accueille des résidents que d’autres établissements n’ont pas voulus (…) Quand une personne est confinée dans un espace clos, et pas seulement les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les tensions sont plus fortes. Il est essentiel de permettre le mouvement, la mobilité. Ce qui va a contrario des unités fermées », explique le Dr Alfred Saillon, psychogériatre spécialisé dans les maladies neurodégénératives et fondateur du groupe Almage. « Pour pouvoir appliquer des thérapies non médicamenteuses, il faut un environnement favorable, un environnement qui stimule les résidents ; des conditions qui répondent aux contraintes provoquées par la maladie. C’est à l’établissement de s’adapter au malade et non l’inverse. » La particularité du groupe Almage est d’avoir été créé par des soignants. « La prise en charge des résidents repose sur huit grands principes énoncés dans un manifeste : « le plaisir avant tout ; la santé du corps comme de l’esprit ; la liberté de circulation, un droit fondamental ; les familles sont essentielles ; nous nous adaptons au langage des malades ; la relation au centre des émotions ; tout le personnel est acteur du projet ; tout est prétexte au mouvement. » Le Dr Alfred Saillon précise : « ce manifeste a été fait avec les équipes pour qu’elles soient en lien avec le projet. L’objectif est de faire de notre personnel de véritables soignants et non des gardes-chiourme [surveillants, personnages brutaux et frustes, la chiourme désignant autrefois l’ensemble des galériens ou des condamnés d’un bagne]. Isabelle Etesse, directrice des Parentèles de la rue Blanche, détaille la mise en pratique de la libre circulation des résidents : « la structure est sécurisée sur la rue et au sous-sol au niveau des cuisines, mais autrement les résidents vont où ils veulent. On se fait même piquer nos affaires. Une personne âgée peut très bien commencer son repas, puis se lever et descendre par exemple au rez-de chaussée. Pour les soignants, cela représente plus de travail car il faut consacrer du temps à aller la chercher et la raccompagner. Mais si on empêche la déambulation, on contribue à la grabatisation des résidents et les troubles du comportement vont être plus massifs. Le principe de la libre circulation des résidents est fondamental dans l’établissement. » Quant aux familles, « il n’y a pas d’horaires de visite, elles viennent librement. L’objectif visé est que ceux qui ceux qui étaient des aidants à domicile retrouvent leur vrai rôle d’époux, de fils ou de fille auprès de leur proche, au-delà de la maladie d’Alzheimer. »

Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, juillet-août 2015.