Éditorial — Technologies et maladie d’Alzheimer : une avancée à suivre ?

Édito

Date de rédaction :
01 janvier 2020

Le 23 janvier dernier s’est tenue à Nantes la deuxième rencontre territoriale du collectif Alzheimer Ensemble, Construisons l’avenir, sur le thème « Améliorer l’accompagnement ». Cette rencontre a mis en exergue des initiatives inspirantes développées par des acteurs d’horizons variés. Parmi les projets présentés, nombreux relevaient de la gérontotechnologie : plateforme numérique pour favoriser les échanges entre la personne malade et le soignant, interfaces adaptées, intelligence artificielle collectant les données destinées à mieux comprendre les besoins des personnes malades et des aidants afin de développer les outils numériques de demain…

Au début des années 2000, les problématiques soulevées par l’entrée des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les foyers, et l’adaptation de ces outils au domaine du vieillissement, tenaient surtout à la question de la plus-value de ces outils dans la relation d’accompagnement et de soins. Vingt ans plus tard, les effets positifs de ces technologies sur l’autonomie de la personne ont été démontrés. Elles peuvent être de puissants leviers à la stimulation psychosociale des personnes malades, à l’aménagement de l’environnement de vie, au soutien à domicile, à l’amélioration du lien intergénérationnel ou de la relation entre aidant et aidé.

Pour autant, restons prudents et attentifs : ces outils peuvent induire de nouvelles dépendances. D’une part, la génération actuelle de personnes malades, qui n’a pas connu un usage quotidien de ces technologies, peut ne pas avoir conscience de leur potentiel et refuser leur utilisation. Leur prise en main et leur emploi dans la vie quotidienne risquent alors d’être conditionnés par l’aide apportée par un proche ou un soignant, créant ainsi de nouvelles formes de dépendance. D’autre part, ces technologies sont parfois pensées comme des outils de substitution au lien familial ou professionnel. L’objet technique, conçu pour soulager l’entourage ou s’y substituer, risque de rendre la personne dépendante de l’environnement technique produit par l’objet. Alors que les déserts médicaux s’étendent et que le recrutement dans le secteur médico-social est de plus en plus difficile, la tentation est grande de s’en remettre à la machine pour pallier le manque de moyens humains, avec les risques de perte de liens sociaux et d’isolement que l’on connaît.

Pour éviter de tomber dans ces travers, les inventeurs de la gérontotechnologie de demain doivent anticiper le fait que la génération actuelle de personnes malades est certainement la dernière à être encore relativement étrangère aux nouvelles technologies. Ce n’est déjà plus le cas de leur entourage familial et professionnel, qui les utilisent au quotidien aussi bien dans leur travail que dans leur vie sociale. Ce n’est pas non plus le cas des futures générations de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer. La proximité de ces acteurs avec les outils numériques ou les nouvelles technologies en accélèrera nécessairement leur diffusion. Pour que ce développement attendu se fasse dans le respect des personnes et que les technologies soient conçues comme de véritables alliées de l’autonomie, celles-ci ne doivent pas être pensées comme des outils de substitution aux moyens humains mais bien comme des solutions de médiation relationnelle et de soutien des capacités de la personne. Cette vision doit guider la conception et le développement de ces outils et ainsi façonner le domaine de la gérontotechnologie qui n’en est qu’à ses débuts.

La rédaction