Éditorial — La maladie d’Alzheimer est entrée dans le quotidien des Français

Édito

Date de rédaction :
01 octobre 2020

Le 3e baromètre de la Fondation Médéric Alzheimer/Malakoff Humanis apporte une information clé : l’appréhension grandit chez les Français de perdre leur autonomie à 80 ans.  En 2020, 1 Français sur 2 pense avoir un risque important d’être dépendant à cet âge. Ils n’étaient que 1 sur 3 en 2014 sur une cible pourtant plus âgée. Cette avancée est d’autant plus marquante que les personnes perçoivent davantage le risque de devenir dépendant qu’ils en sont proches, c’est-à-dire en avançant en âge ou en y étant confrontés dans leur entourage.

Les Français semblent avoir pris majoritairement conscience de leur propre fragilité, en acceptant davantage la possibilité d’être confrontés un jour, le plus lointain possible, à la perte de leur propre autonomie.

Leur crainte du déclin de l’autonomie avec l’avancée en âge se double de la crainte d’un déclin cognitif. Ainsi, pour près d’1 Français sur 3, s’imaginer vivre jusqu’à 80 ans s’accompagne d’une probabilité forte ou très forte d’être atteint de la maladie d’Alzheimer à cet âge. Cette crainte pourrait s’expliquer par la forte présence de la maladie d’Alzheimer dans le quotidien des Français : près d’1 Français sur 2 connaît une personne dans son entourage proche vivant avec la maladie d’Alzheimer.

Par ailleurs, ce baromètre montre indiscutablement l’intensité accrue de l’aide apportée aux personnes vivant avec des troubles cognitifs, notamment pour certaines tâches difficilement compatibles avec une vie de famille ou une vie professionnelle comme la toilette (17 % contre 10 % chez les aidants en général) ou la surveillance (36 % contre 21 %).

Au moment où se discute la mise en place d’une cinquième branche de la sécurité sociale, les Français sont attachés à un « État providence » concernant la perte d’autonomie des personnes âgées : 7 Français sur 10 pensent que c’est à l’État plutôt qu’à la famille de les prendre en charge ; 9 Français sur 10 souhaiteraient un accompagnement renforcé des proches aidants par l’État ; 4 Français sur 5 souhaitent que l’État attribue une allocation financière au membre de la famille aidant régulièrement une personne âgée en perte d’autonomie. Mais les Français sont peu informés sur les modalités de la prise en charge de la perte d’autonomie : près de 2 Français sur 3 ne savent pas que l’APA peut permettre de rémunérer un proche aidant.

A l’heure où s’élabore la loi Grand âge, la maladie d’Alzheimer représente un sujet majeur qui doit être pris en compte dans toutes ses composantes par les politiques publiques.  La Fondation Médéric Alzheimer espère que des mesures ciblées concerneront la maladie d’Alzheimer car, sur le terrain, ce sont 1,2 million de personnes malades et plus de 2 millions d’aidants qui vivent avec et malgré la maladie. Prévention, organisation de l’accès aux soins, parcours de santé et de soins adaptés, formation des professionnels, développement d’un habitat adapté, soutien des aidants, rapprochement de la recherche et des pratiques sur le terrain, consultation des personnes malades et de leurs aidants sont des axes prioritaires.

Alors que la maladie d’Alzheimer est une forte préoccupation des Français, que 2 millions de personnes malades pourraient et le double d’aidants être concernées d’ici 2040, la maladie d’Alzheimer semble avoir totalement disparu des priorités politiques : est-ce admissible ?

Hélène Jacquemont, Présidente de la Fondation Médéric Alzheimer