Economie du don Mars 2010
Droit des personnes malades
Pour Jean-Hervé Lorenzi, professeur à l’Université Paris-Dauphine et président du Cercle des économistes, le don apparaît sur le plan de l’analyse économique comme un substitut à la solidarité et à l’engagement de l’État. Il pose donc un problème. La solidarité concerne l’ensemble de la collectivité, alors que le don ou le bénévolat s’inscrit dans une logique individuelle. Le don n’est pas de la solidarité au sens propre. Le don et le bénévolat peuvent se regarder selon trois niveaux. Il s’agit donc d’abord de ce substitut à la solidarité qui se traduit par des transferts monétaires en nombre limité se déroulant parfois à l’occasion de manifestations médiatiques. Ensuite, le don se traduit par des actions de bénévolat auprès d’associations caritatives, humanitaires ou autre. Pour le Professeur Lorenzi, parler de don dans ce cas semble excessif car il existerait une dimension de réciprocité : les personnes qui s’y engagent, les seniors par exemple, cherchant à contrecarrer un sentiment d’inutilité. Dans cette optique, il y a un double sens au bénévolat qui permet aux seniors en particulier d’apparaître comme des acteurs de la société. Troisièmement, le don vient d’une décision individuelle face à un problème de santé ou autre vécu par un membre de la famille. Jean-Hervé Lorenzi se dit farouchement opposé à l’idée de faire rentrer le don ou le bénévolat dans une catégorie économique : pour lui, le don, décision individuelle, s’inscrit hors du marché et il n’y a pas de sens à chercher à lui donner une traduction monétaire. Si l’on essaye de mettre le don dans le marché, estime-t-il, on prend le risque de le faire disparaître, de lui faire perdre son sens. L’économiste désapprouve toute tentative visant à donner un statut au don ou au bénévolat.
www.agevillage.com, 22 février 2010. Réciproques. Aidants et soignants : partenariats ou confrontations ? Décembre 2009.