Du cinéma d’animation conçu par les personnes malades
Société inclusive
Zoë Flynn et Bo Chapman ont fondé une société de réalisation de films d’animation, Salmagundi Films, spécialisée dans la production image par image avec des personnes malades de tous âges. Frames of Mind (cadres d’esprit) est un outil informatique, extrêmement simple à utiliser, qui permet d’animer des objets personnels d’une personne malade, d’enregistrer un récit et de superposer une musique que choisit la personne. Ces différents éléments sont ensuite associés dans un petit film, enregistré sur un DVD. Pour les deux animatrices, tout peut être prétexte à un récit. Pour engager la conversation, elles demandent aux résidents des maisons de retraite de leur faire visiter leur chambre, de leur montrer les objets sur la coiffeuse, dans leur armoire, de leur parler de leurs loisirs favoris, de nommer des personnes sur les photos… Tout peut être mis en scène : la table devient un désert de sable, une armoire une salle de danse. L’action se construit à partir de réponses des personnes malades. Ce processus d’improvisation réciproque commence et finit avec la personne. Sara a dessiné des personnages qui s’échappent dans le désert. Jesse a voulu dire comment son chien Brett était jaloux de son mari, en mettant en scène une figurine de chien sur un échiquier. Le film d’Horace reflète sa passion pour les motos. Joan se souvient d’une perruche qui venait se poser sur les lunettes de son mari. Donna a redécouvert des poèmes qu’elle écrivait à ses enfants, ce qui l’a beaucoup émue ; le film la montre en train de lire ces poèmes, et les photos de famille ont été mises en animation comme une cavalcade. Lorsque le film a été projeté, Donna a récité les poèmes mot à mot. Son aide-soignante déclare : « faire ce film m’a aidé à voir Donna comme une vraie personne, avec une vie et un passé, pas simplement une malade passive recevant des soins ». Les professionnels, sceptiques au départ, sont stupéfaits du processus : dans la relation un-à-un, les résidents parlent des choses importantes à leurs yeux et dont ils peuvent encore se souvenir ; et ils arrivent à se servir d’un ordinateur sans être intimidés par la technologie.
Flynn Z et Chapman B. Making animated films with people with dementia. J Dementia Care 19(6): 23-25. Novembre-décembre 2011.