Droit des malades : comment faire parler des personnes qui se taisent ? (3)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 mars 2012

« Etre vieux, c’est aussi faire un pas de côté », écrit Eric Favereau, de Libération, dans un article intitulé « La vieillesse au-delà des clichés d’un autre âge », résumant les conclusions d’un cycle de débats mensuels organisés depuis octobre 2011 par le centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin de Paris, en collaboration avec Libération et France Culture. Claire Compagnon, conseil en santé, déplore que l’« on s’interroge peu sur l’accord ou non de la personne. Cette difficulté de l’associer aux décisions la concernant est une des spécificités de prise en charge de la vieillesse. Ce sont les autres, les proches, les soignants qui décident. Dire cela ne masque pas le sentiment de malaise que ressentent les professionnels : force est de constater que les vieux se taisent. Ils ont internalisé une grande passivité face au modèle social. Ils se laissent faire ». Selon le Professeur Olivier Saint-Jean, chef de service de gériatrie à l’Hôpital européen Georges-Pompidou de Paris, « tout le monde (famille, ami, voisin, aidants professionnels de tout type) se sent autorisé à évaluer et à parler à la place du patient vieux. Les violations du secret médical sont quasi systématiques. Et rarement, on lui demande son avis. Faire parler les vieux malades est pourtant possible. Mais cela demande une médecine lente, une médecine attentive au comportement de chacun, peu compatible avec les organisations sanitaires actuelles, leur mode de financement et les cultures professionnelles ». 

Libération, 10 avril 2012.