Doit-on craindre une politique du care ? (1)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 octobre 2010

Hugues Joublin, docteur en éthique médicale et auteur des ouvrages Le proche de la personne malade dans l’univers des soins et Réinventer la solidarité de proximité, s’interroge dans la rubrique Idées du Monde : doit-on craindre une politique du care ? « Faut-il se réjouir ou se méfier de l’émergence récente des notions de sollicitudes et de solidarité familiale dans l’arène politique ? Qu’un gouvernement décide de reconnaitre l’activité jusqu’alors occultée de millions de concitoyens au bénéfice de leur proche dépendant mérite a priori d’être salué. Qu’un grand parti d’opposition se saisisse du concept anglo-saxon de care pour en faire l’un des piliers de son projet de rénovation sociale peut a fortiori intriguer. Pourquoi cet intérêt soudain pour une solidarité de proximité qui constitue, au-delà des aléas de la vie politique et des enjeux circonstanciés, l’un des maillons fondateurs et séculaires du vivre ensemble ? Hugues Joublin ajoute : « doit-on voir ici la marque d’un intérêt fugace porté par la seule ambition politicienne de se draper dans une nouvelle forme de modernité sociale ? Faut-il redouter une instrumentalisation démagogique de ces héros ordinaires, dont la propre vulnérabilité est généralement à la mesure de la dépendance de celles et ceux qu’ils aident au quotidien ? Ou assistons-nous aux prémisses d’une politique qui amènerait non seulement à reconnaître de nouvelles compétences aux familles sur le plan socio-sanitaire, mais aussi à inventer une gouvernance adaptée à cette dimension informelle des soins et de la solidarité » ?

www.lemonde.fr, 4 octobre 2010.