Directives anticipées : difficiles à mettre en pratique (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Peut-on considérer les directives anticipées comme l’expression d’un accord ? s’interroge Anne Lénart, directrice de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Les Sarments à Suresnes (groupe Korian), qui rédige un mémoire de master 2 à l’Institut d’études politiques de Paris sur la recherche du consentement des personnes âgées qui présentent des maladies neurodégénératives en EHPAD. Son établissement n’a jamais eu connaissance de directives anticipées pour les soixante-dix derniers résidents admis. La directrice a présenté plusieurs fois le dispositif à ses résidents mais n’a jamais eu connaissance d’une rédaction ultérieure. Une dame commente les directives : « trop brutales, impossibles à écrire et peuvent faire de la peine aux enfants ». Un monsieur pense que « c’est au médecin de décider et il sait à qui s’adresser ». Pour Anne Lénart, les directives anticipées ne correspondent pas bien aux habitudes et valeurs des personnes âgées, pour qui il est difficile de s’inscrire dans un contexte défavorable (arrêt ou limitation des traitements), qui y voient un risque de figer les choses, qui n’ont pas l’habitude de tout consigner par écrit, et qui ont une grande confiance en leur médecin. Le mandat de protection future pourrait être un autre outil de reconnaissance des choix anticipés, mais il n’est pas connu. Si les personnes sont soulagées d’aborder le sujet avant qu’il ne soit trop tard, leur première préoccupation est de s’assurer que les proches seront bien consultés, et qu’il s’agira des proches qu’ils auront désignés. Anne Lénart et son équipe s’orientent vers des outils d’aide à la décision de type échelle de soins : il s’agit d’engager avec le résident une discussion fondée sur des niveaux d’intervention possible entre le recours à tous les traitements et les soins de base et de confort. Mais la question du consentement se pose différemment chez les personnes ayant des troubles cognitifs à l’entrée dans l’établissement.
Géroscopie, juin 2011.