Dilemmes éthiques et maladie d’Alzheimer : robots animaux (2)

Innovation

Date de rédaction :
19 décembre 2015

La première conférence internationale sur les robots sociaux dans pour la thérapie et l’éducation s’est tenue à Almere (Pays-Bas) en octobre 2015. Des robots animaux sont de plus en plus utilisés dans l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pour accroître leur sentiment de bien-être et réduire l’anxiété. Ils peuvent favoriser la communication entre les personnes malades et leurs aidants. Mais, en pratique quotidienne, comment obtenir ces effets ? Comment utiliser ces robots ? Pour quelles personnes les robots animaux peuvent-ils être indiqués ou non ? À quoi faut-il être attentif ? Comment utiliser les robots dans des activités individuelles ou de groupe ? Quand et comment impliquer les proches ?  Un robot animal est-il perçu par les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer comme un vrai animal ? se sont interrogés Martina Heinemann et Marcel Heerink, de l’Université de Windesheim (Pays-Bas) et Meritxell Valenti Soler, du centre Alzheimer de la Fondation Reine Sophie (Espagne). Dans une étude pilote, les chercheurs ont observé une femme atteinte de démence au stade sévère caressant avec un plaisir évident un robot chat. Mais après un moment, elle s’arrête, semble confuse et demande au soignant : « est-ce un vrai ? » Que peut répondre le soignant ? Comment prendre en compte le point de vue de la personne malade lorsque ce point de vue est incertain ? Les chercheurs ont interrogé vingt professionnels de l’aide et des soins en Espagne, et vingt-neuf aux Pays-Bas. Une minorité des professionnels (12%) répond : « non, ce n’est pas un animal réel », la majorité (53%) répond : « oui, c’est un animal réel » et 35% répondent « qu’est-ce que vous croyez ? », préférant laisser le choix aux personnes malades. Les différences culturelles sont marquées : les Néerlandais identifient beaucoup plus souvent le robot à un vrai animal, alors que cette option n’est pas du tout choisie par les Espagnols.

En Suède, Marcus Persson, de l’Université de Mälardalen, en collaboration avec Robyn Robotics et la Région de Sörmland, a confié un robot chat (JustoCat) pendant trois mois à trois professionnels d’un accueil de jour, pour qu’ils le mettent en accès quotidien illimité à la disposition de personnes atteintes de démence, et a observé l’influence de la technologie sur les professionnels. Ceux-ci observent que le robot a un impact positif sur leur propre environnement psychosocial au travail en terme de relation avec les personnes malades (communication et interaction), et contribue à réduire le sentiment de stress et d’insécurité lorsqu’ils travaillent seuls.

Heinemann M et al. Is it real? Dealing with an insecure perception of a pet robot in dementia care. New Friends. 1st international conference on social robots in therapy and education. 22-23Octobre 2015. Almere (Pays-Bas) : 22-23. http://newfriends2015.org/Proceedings/Contents/Papers/New_Friends_2015_submission_21.pdf (texte intégral). Persson M. The Impact of a Robotic Cat on Dementia Caregivers’ Psychosocial Work Environment – a Pilot Study. New Friends. 1st international conference on social robots in therapy and education. Octobre 2015. Almere (Pays-Bas). 16-17. www.newfriends2015.org/Proceedings/ProceedingsNF2015.pdf(texte intégral).

Valenti Soler M et al. Picking New Friends: Caregivers and Dementia Patients Choices of Robotic Pets. Can Int J Science Technol 05/2015; 2: 354-357. Mai 2015.

www.researchgate.net/publication/283615466_Picking_New_Friends_Caregivers_and_Dementia_Patients_Choices_of_Robotic_Pets.