Dignité : de quoi parle-t-on ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Voilà donc une notion mise en avant, considérée aujourd’hui comme fondamentale. À juste titre, cela va de soi. Toutefois, dès qu’on demande ce qu’est au juste cette dignité dont on parle tant, l’embarras s’installe. Il n’est pas si commode de la décrire et de préciser en quoi elle consiste », écrit le philosophe Roger-Pol Droit dans la rubrique Idées et débats des Echos. « Quand il s’agit de la dignité humaine, chacun comprend tout de suite qu’elle concerne universellement tous les individus. Elle est « inhérente à tous les membres de la famille humaine », précise le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. C’est en fait le socle de tout l’édifice : sa reconnaissance “constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde”. On saisit bien qu’elle est indépendante de l’âge, du sexe, de la langue, de la nationalité, de la fortune… mais on ne sait toujours pas quelle définition exacte lui convient. » Selon Kant (1724-1804), « la dignité incarne la valeur intrinsèque propre à la personne humaine. Cette dernière vaut par elle-même, et n’a donc pas de prix » : « en raison de l’autonomie de sa volonté, chaque personne doit être considérée comme une fin, jamais comme un moyen. Il est aisé d’en déduire que toute tentative de transformer un humain en chose contrevient à cette dignité première.» Pour le philosophe, « le premier paradoxe de la dignité, c’est bien d’être plus facile à défendre qu’à expliquer. Ce qui la bafoue et la menace est clair, facile à exprimer (…) On se trouve donc face à une notion fondatrice qui est finalement plus intuitive que conceptuelle. Son évidence est partout ressentie, ce qui la met en péril est immédiatement visible, sinon il n’y aurait pas d’homme révolté, personne ne se lèverait contre l’humiliation, l’inhumain et l’injuste. Pourtant, elle n’est jamais exprimée en termes positifs. Son autre paradoxe est moins simple à apercevoir : la dignité humaine est indestructible et autorégénérante. Il faut la supposer donnée, originaire et non construite. Elle peut être outragée, jamais détruite. »
http://m.lesechos.fr/france/paradoxes-de-la-dignite-0203247876262.htm, 17 janvier 2014.