Diagnostic de la maladie d'Alzheimer : quelle fiabilité ?
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L’étude collaborative d’imagerie ADNI (Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative) suit deux cents personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, quatre cents personnes au stade du déficit cognitif léger et deux cents témoins sains, au moyen de techniques récentes d’imagerie et de biomarqueurs spécifiques. Mais la fiabilité des techniques de diagnostic est mise en doute. La présence des biomarqueurs n’est ni nécessaire ni suffisante pour diagnostiquer la maladie avec certitude. Analysant des données encore préliminaires, l’étude repère ainsi des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer mais sans présence de biomarqueurs spécifiques, ce qui fait débat : s’agit-il de faux négatifs ou d’une erreur de diagnostic ? Chez les personnes asymptomatiques mais avec présence de biomarqueurs, une partie développe une maladie d’Alzheimer à un an. La technique PET Scan couplée au marqueur PIB, spécifique de la protéine amyloïde, permet de mieux différencier les personnes qui vont déclarer une maladie d’Alzheimer, voire de les diagnostiquer à un stade infra-clinique. Quant aux tests de présence de biomarqueurs dans le liquide céphalo-rachidien, il n’existe pas de valeurs seuil permettant de discriminer à 100% les personnes malades des témoins sains. Selon Michael Wiener, professeur de médecine, de radiologie, de psychiatrie et de neurologie à l’Université de Californie à San Francisco (Etats-Unis), et coordonnateur de l’étude ADNI, si les techniques d’imagerie sont intéressantes pour mieux cibler les patients inclus et mieux définir leur évolution, le diagnostic clinique, tant médical que fonctionnel, doit rester le critère d’évaluation principal. Selon Pierre Krolak-Salmon, professeur à l’hôpital neurologique de Lyon, il faut réunir un faisceau d’arguments, dont l’imagerie cérébrale, pour optimiser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. La situation est compliquée chez la personne âgée du fait de la minorité de formes « pures » de la maladie d’Alzheimer au plan neuropathologique, les associations étant extrêmement fréquentes (plus de la moitié des cas) avec les lésions vasculaires et les corps de Lewy.
La Revue de Gériatrie. Jouanny P. Nouvelles approches dans la prévention de la maladie d’Alzheimer. Krolak-Salmon P. La place de la neuro-imagerie dans le diagnostic étiologique des démences chez la personne âgée. 8 octobre 2009. www.adni-info.org, 30 novembre 2009.