Dévalorisation par les mots (2)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 mars 2014

Une autre raison de dévalorisation est l’infantilisation ou la mise dans une catégorie de non adulte. Par exemple, le mot « fugue » est habituellement réservé aux jeunes qui fuient une autorité avec une idée de fuite momentanée. « Si le mot traduit la révolte, la provocation intentionnelle, dans le cas d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer, pourrait renvoyer à une perte du contrôle de l’autorité chargée de veiller à la sécurité – d’où la connotation mise en avant de mise en danger.
En réalité, cette connotation touche davantage à l’immaturité et l’inacceptable rupture de la reconnaissance de l’autorité. » Armelle Debru note une tendance à remplacer « fugue » par « errance. » Un autre mécanisme bien connu de dévalorisation est la stigmatisation, marque négative caractéristique attribuée à la personne. « On attribuait autrefois de la méchanceté au bossu, borgne, manchot, estropié, bancal etc. pour des raisons mystérieuses. Aujourd’hui cette “méchanceté” est attribuée à des personnes qui sortent des normes, ou réagissent d’une manière parfois agressive, en raison de leur maladie. On observe que le langage charrie souvent – à l’insu de ceux qui parlent – des connotations ou représentations négatives. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont particulièrement vulnérables à cette tendance, étant souvent difficiles. Une façon de l’éviter est de prendre conscience de ces connotations, de renouveler les mots en cherchant ceux qui en sont dépourvus – mots anciens ou nouveaux- et si possible reflétant les valeurs du soin, en premier lieu le respect. » Pour Armelle Debru, « il faut se rappeler que les mots sont certes prononcés, mais également entendus et leur sens éprouvé par celui auquel on s’adresse ou dont on parle. »

Debru A. À propos de la dévalorisation par les mots dans la maladie d’Alzheimer. www.espace-ethique.org/ressources/article/propos-de-la-d%C3%A9valorisation-par-les-mots-dans-la-maladie-dalzheimer, 3 mars 2014.