Détenue « de facto » à l’hôpital

La commission de protection de la santé mentale en Ecosse mène chaque année des visites thématiques dans des dispositifs de soins et d’accompagnement où elle rencontre des personnes atteintes de démence. Il s’agit d’aider les services à identifier les meilleures pratiques et de répondre aux problèmes rencontrés. Fin 2010, un programme spécial de visites a été organisé pour rencontrer des personnes atteintes de démence dans les services de soins aigus. Parmi les nombreux points d’amélioration, les visiteurs mettent en avant le dilemme éthique de la « détention de facto » : des personnes malades souhaiteraient quitter l’hôpital mais en sont empêchées. « S’il peut exister de bonnes raisons pour le faire, il faut respecter la loi, que le personnel ne connaît pas nécessairement », disent-ils. Mme S est atteinte de démence, a été hospitalisée pour une maladie chronique grave, mais ne peut pas rentrer chez elle car sa sécurité à domicile ne serait pas garantie. Elle déclare aux visiteurs de la commission : « même le personnel se demande ce que je fais ici. Je tourne en rond comme une cause perdue. Je suis juste venue ici parce que j’étais fatiguée, épuisée, et que je ne savais pas m’en sortir. Mais je ne suis pas suffisamment malade pour rester ici pour toujours ».  Le personnel indique que lorsque d’autres patients sortent de l’hôpital, Mme S veut sortir plusieurs fois par jour. Aucune mesure formelle n’a été prise pour garder Mme S à l’hôpital. Les visiteurs ont demandé au personnel de revoir son cas et de réévaluer sa santé mentale. « Avec un management sensibilisé, il a été possible de rassurer Mme S, qui a accepté le besoin de rester à l’hôpital, le temps d’examiner les différentes options pour l’avenir ».

Mental Welfare Commission for Scotland.Dementia: decisions for dignity. Our visits to people with dementia in general hospitals. September to December 2010. http://reports.mwcscot.org.uk/web/FILES/Visiting_Monitoring/DecisionsforDignity.pdf (texte intégral).