Détection précoce de la démence : non au diagnostic excessif (1)
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En partenariat avec le British Medical Journal, une conférence sur la prévention du diagnostic excessif (Preventing Overdiagnosis conferences’est tenue aux Etats-Unis. Des experts épidémiologistes, menés par David Le Couteur, du centre de formation et de recherche sur le vieillissement de l’Université de Sidney (Australie) et Carol Brayne, du département de santé publique et soins primaires de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), expliquent que l’extension du diagnostic de démence fondé sur les nouveaux critères de diagnostic aboutirait à une proportion de 65% de maladie d’Alzheimer diagnostiquée chez les personnes âgées de plus de quatre-vingt-ans, et 23% de personnes âgées non démentes seraient stigmatisées. Les preuves scientifiques actuelles suggèrent que si 5% à 15% des personnes atteintes de déficit cognitif léger développeront une démence chaque année, la maladie ne progressera pas chez 40% à 70% d’entre elles et leur fonction cognitive pourrait même s’améliorer. Les auteurs estiment que les outils actuels de diagnostic de la démence ne sont pas robustes, et que de nombreuses personnes qui développent une démence ne rassemblaient pas les critères de déficit cognitif léger avant le diagnostic. Cependant, les politiques publiques incitent à la détection précoce. Ainsi, aux Etats-Unis, le programme Medicare (couverture publique des soins de santé pour les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus) remboursera une consultation médicale par an pour le vieillissement en bonne santé (wellness visit) incluant un test de déficit cognitif. Au Royaume-Uni, le gouvernement, qui s’est engagé à « une consultation mémoire par ville », a annoncé une rémunération supplémentaire des médecins généralistes pour qu’ils réalisent une évaluation de la fonction cérébrale.
Le Couteur D et al. Too Much Medicine. Political drive to screen for pre-dementia: not evidence based and ignores the harms of diagnosis. BMJ 2013; 347: f5125, 9 septembre 2013. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24018000. Screening for minor memory changes will wrongly label many with dementia, warn experts. 10 septembre 2013. www.bmj.com/content/347/bmj.f5125?view=long&pmid=24018000.