Détection précoce : à quel âge ?

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Date de rédaction :
17 décembre 2011

Une étude française, menée par Archana Singh-Manoux, directrice de recherche en épidémiologie et santé des populations (INSERM U1018) à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), portant sur cinq mille deux cents personnes (cohorte prospective Whitehall II), montre que le déclin cognitif est déjà mesurable dès l’âge de quarante-cinq à quarante-neuf ans. Pour cette tranche d’âge, les capacités de raisonnement ont diminué de -3.6% chez les hommes et chez les femmes. Entre soixante-cinq et soixante-dix ans, elles ont diminué de -9.6% chez les hommes et -7.4% chez les femmes. « Etre davantage conscient que les capacités cognitives ne restent pas intactes jusqu’au grand âge pourrait inciter les individus à modifier leur style de vie et améliorer leur santé cardio-vasculaire, afin de réduire le risque de troubles cognitifs indésirables lorsqu’ils seront plus âgés ». « Ce qui est bon pour le cœur est bon pour la tête », rappelle-t-elle : cibler les patients ayant des facteurs de risque cardiovasculaire tels que l’obésité, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie, pourrait protéger non seulement leur cœur, mais aussi prévenir la démence. Savoir quand le déclin cognitif est susceptible de débuter peut aider à initier une prise en charge le plus tôt possible. Pour Francine Grodstein, professeur associé de médecine à l’Université de Harvard (Boston, Etats-Unis), « les résultats de l’étude française ont des implications profondes pour la prévention de la démence et la santé publique. Il n’existe toujours pas de traitement pour la démence, et les preuves s’accumulent pour indiquer que les interventions efficaces devraient être initiées bien avant l’apparition des signes de neurodégénérescence » : chez les jeunes adultes, dès l’âge de quarante-cinq ans. « L’essentiel de la recherche actuelle se focalise sur les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus. Le principal défi sera de concevoir des études prospectives incluant des groupes beaucoup plus jeunes, ce qui constituerait un changement spectaculaire par rapport au statu quo actuel ». Il faudra de très grands échantillons, probablement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, pour détecter les variables pouvant influencer la santé cérébrale à un âge plus jeune. Les auteurs suggèrent que l’évaluation cognitive par téléphone, ou par Internet, pourrait être utilisée largement en remplacement des tests en face-à-face, pour aider à la réalisation de tels essais.

Singh-Manoux A et al. Timing of onset of cognitive decline: results from Whitehall II prospective cohort study. BMJ, 5 janvier 2012. www.bmj.com/highwire/filestream/  (texte intégral). Grodstein F. How early can cognitive decline be detected ? Possibly when people are in their 40s, so preventive efforts need to start much earlier. BMJ, 5 janvier 2012. http://press.psprings.co.uk/bmj/january/declineedit.pdf (texte intégral). Medline Plus, 6 janvier 2012.