Des personnes malades improvisent
Société inclusive
Depuis trois ans, un projet pilote du centre public d’action sociale (CPAS) de Charleroi (Belgique) et du centre d’action laïque mobilise seniors et familles à la Maison des associations. Le théâtre d’improvisation stimule la participation et la mémoire. Ce projet n’a pas d’équivalent en Belgique. Patricia Scorneau, référente Alzheimer du CPAS, explique : « Mettre en scène des personnes victimes de pertes sévères de mémoire et désorientées peut paraître audacieux, voire carrément déplacé. Mais cela a un sens social et thérapeutique : cela aide nos résidents et leurs familles à mieux vivre. L’exercice stimule la participation, contribue à la prise de confiance. Les résultats sont convaincants. »« Une dame m’a confié qu’elle avait été bouleversée par la prestation de sa maman qu’elle croyait complètement perdue dans son monde, poursuit-elle. Le spectacle permet à ses participants de puiser des ressources insoupçonnées et de les exploiter. » Pour la troisième édition du théâtre d’improvisation, une vingtaine de femmes sont montées sur scène. Augusta, nonagénaire, interprète son propre rôle face aux projecteurs et au public. Dans le micro de l’animatrice qui lui donne la réplique, elle énumère les règles vestimentaires à respecter pour une rencontre avec un membre de la famille royale. « Sobriété, élégance, pas trop de bijoux, dit-elle. Pas de pantalon, une robe. » Les regards s’allument d’un éclat de bonheur, la magie du spectacle opère. « Parfois, ce sont des astuces de couture, une chanson, l’éducation des enfants, la cuisine… À chacun son vécu, son histoire. Quand le sujet accroche, les réactions sont imprévisibles. Les souvenirs remontent, c’est touchant et intime », note Laurence Constant, du centre d’action laïque.