Des maisons de retraite de plus en plus chères : que font les familles ?

Juliette a quatre-vingt-cinq ans. Elle vit dans une chambre à deux lits. Avec sa maigre retraite, il lui manque trois cents euros par mois. Depuis deux ans, Gilberte, en invalidité après un accident du travail, paie le complément. Mais elle arrive en fin de droits. Jeune retraité, son mari a perdu 46% de ses revenus. « Vendre la maison reste la seule solution pour nous en sortir », s’inquiète Gilberte. Avec un reste à charge de mille trois cents euros par mois, la maison de retraite de Montebourg (Manche) est pourtant au bas de l’échelle des tarifs, compte tenu de sa vétusté. Un établissement flambant neuf est prévu pour 2012. Conséquence financière : une hausse de seize euros par jour, soit cinq cents euros par mois. « Je ne sais pas comment on fera. La dépendance des personnes âgées, c’est un problème dont la société n’a pas pris conscience », déclare Gilberte. Pour Philippe Pesnel, directeur de la maison de retraite, les familles entament de plus en plus leur patrimoine : « on vend les bijoux de famille ; c’est de la retraite par capitalisation. C’est d’autant plus problématique que les enfants des nouveaux arrivants sont déjà à la retraite. Bien souvent, ils doivent aider leurs parents et leurs propres enfants ». Le juge des affaires familiales, c’est nouveau, se substitue à l’entente familiale pour régler des différends au sein de la famille. « Les solidarités sont devenues fragiles », dit Philippe Pesnel, qui suit trois dossiers de résidents au tribunal de Cherbourg. Le dernier recours est l’aide sociale, qui concerne une personne sur cinq, et cette proportion ne peut qu’augmenter. Qu’adviendra-t-il du reste à charge si les budgets de l’établissement sont réduits, avec les projets de réforme territoriale et fiscale ? s’interroge-t-il. Le Conseil général, qui fixe les tarifs de son établissement, lui a demandé un taux d’évolution des dépenses en 2010 de 0%, hors personnel.

www.ouest-france.fr, 4 février 2010.