Déprescription des antipsychotiques : pourquoi les infirmières font elles parfois marche arrière ?
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En Espagne, Patricia Bravo-José, du service de pharmacie de la résidence de personnes âgées dépendantes Burriana à Castellón, et ses collègues, ont développé un protocole de déprescription des antipsychotiques auprès de 35 résidents de 2 maisons de retraite. Le traitement a été totalement arrêté chez 80 % des résidents, et réduit à la dose minimale efficace chez les autres 20 %. Le traitement a été repris chez 2 résidents en raison de l’aggravation des symptômes neuropsychiatriques. Six mois après l’arrêt de la prescription, aucun changement n’est observé en termes de symptômes neuropsychiatriques.
En Australie, le Pr Henry Brodaty et son équipe, du centre de recherche collaborative sur la démence à l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud, ont montré, dans un essai portant sur 139 résidents de 23 maisons de retraite atteints de la maladie d’Alzheimer et prenant régulièrement des antipsychotiques, qu’il était possible de déprescrire ces médicaments chez 81 % des résidents sans augmenter les symptômes psycho-comportementaux (étude HALT-Halting Antipsychotic Use in Long-Term Care) ). Mais chez 19 % des résidents, les antipsychotiques ont été represcrits ou n’ont jamais été supprimés. Ce sont les infirmières qui demandent le plus souvent leur represcription (63 % des cas), suivies par les familles (39 %), les médecins généralistes (24 %), les spécialistes (12 %) et le personnel hospitalier (10 %). Dans 46 % des cas, ce sont plusieurs acteurs qui demandent la represcription. Les motifs de represcription les plus fréquemment évoqués sont l’augmentation perçue de situation d’agitation et des comportements agressifs chez les hommes, alors même que des mesures objectives ne peuvent identifier de tels changements. Le consentement des résidents reste insuffisamment recueilli et les recommandations de dosage peu suivies, malgré laes formation du personnel.
Bravo-José Pet al. Deprescribing antipsychotics in long term care patients with dementia. Farm Hosp 2019; 43(4): 140-145. Juillet 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31276444. Aerts L et al. Why deprescribing antipsychotics in older people with dementia in long-term care is not always successful: Insights from the HALT study. Int J Geriatr Psychiatry, 5 juillet 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31276255. Brodaty H et al. Antipsychotic Deprescription for Older Adults in Long-term Care: The HALT Study. J Am Med Dir Assoc. 2018; 19(7): 592-600.e7. Juillet 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29941156.