Dépendance : qu’en pensent les professionnels de terrain ?
Droit des personnes malades
Accompagner la dépendance ou préserver l’autonomie ? Philippe Muller est cadre de santé et gérontologue à Eze (Alpes-Maritimes). Il écrit : « il manque comme à l’habitude l’ouverture d’un vrai débat, d’échanges citoyens sur une question sociétale aussi importante. Parler à ce jour de l’autonomie, c’est effectivement tout faire pour la garder le plus longtemps possible. Formation et prévention sont capitales pour les années à venir. Prendre en compte, comme cela se fait dans les visions modernes des situations de handicap des notions environnementales : environnement obstacle ou facilitateur ? Peut on être autonome dans un environnement facilitateur ? Oui ». Cependant, regrette-t-il, « le travail de maintien ou de restauration de l’autonomie en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) n’est pas valorisé financièrement. Au contraire : plus le GMP (Groupe iso-ressource moyen pondéré, indicateur administratif de l’autonomie des résidents d’un établissement) et le PMP (Pathos moyen pondéré, indicateur médical de la charge en soins des résidents d’un établissement) seront élevés, plus les budgets sont conséquents. De ce fait, il est plus « rentable » de recruter des résidents « lourds » de type GIR 1 ou 2. Tout faire pour que ces personnes progressent et passent en GIR 3, voire 4 revient à faire baisser son GMP ». Enfin, il constate que « les questions de l’autonomie, de la dépendance, de l’optimisation de la prise en charge des résidents restent mineures dans les préoccupations du moment chez les médecins libéraux », « contraints par décret de signer une convention de partenariat avec l’EHPAD ». Selon Philippe Muller, « les rencontres récemment organisées par le ministère ne laissent guère entrevoir une approche plus humaine (et moins comptable) de ce qui sera sans nul doute une problématique majeure dans les décennies à venir ».
http://widget.viadeo.com, 15 février 2011.