Dépendance : qu’en pensent les bénévoles ?
Droit des personnes malades
Pour Jean-François Serres, secrétaire général des petits frères des Pauvres, « l’importance du nombre de personnes âgées en situation d’isolement (une personne dépendante sur quatre) et le risque d’épuisement des aidants familiaux invitent à reconnaître et renforcer le rôle et la place d’un bénévolat d’accompagnement ». Le risque dépendance oblige à articuler solidarité publique et solidarité privée. « Les plans d’aide devraient être davantage fondés sur un modèle d’accompagnement qui met en avant la relation avec la personne et oblige à articuler entre eux les intervenants professionnels et non professionnels de l’entourage qui prennent soin d’elle de manière complémentaire. La logique de protection du risque dépendance devrait donc être pensée comme une solidarité publique qui contribue à maintenir et même à renforcer les liens de la personne avec ses proches et à stabiliser dans le temps la capacité d’accompagnement de son entourage ». Pour Jean-François Serres, l’observation des solidarités pratiques montre qu’il n’y a pas d’opposition entre aide publique et maintien des solidarités privées. Au contraire, les deux se renforcent : les pays où l’aide publique est la plus importante envers les familles sont aussi ceux où l’on observe une plus grande implication des proches avec les personnes âgées dépendantes. Et une amélioration de l’aide publique favorise le développement de l’aide familiale. En revanche, un retrait de l’aide publique n’incite aucunement à une plus grande implication familiale. « Cette complémentarité indispensable entre l’entourage et les professionnels autour d’une personne fragile qui nécessite des soins quotidiens et de longue durée doit être animée dans une reconnaissance réciproque. S’il y a une compréhension partagée de ce qui distingue et spécifie chacun dans son rôle, la présence de la famille ou du bénévole accompagnant n’est alors pas vécue comme une menace pour le professionnel, soit de se substituer à lui, soit de supprimer la part relationnelle de son intervention qui fait aussi toute la richesse de son métier. De même la famille intervient sans culpabilité et le bénévole sans développer un sentiment d’illégitimité mais bien comme acteur du prendre soin avec les professionnels ».