Dépendance : qu’en pensent les assureurs ? (1)
Droit des personnes malades
La part des assurances dépendance est modeste. Parmi les personnes de plus de soixante ans, 10% seulement des Français sont assurés, souligne Stéphan Reuge, directeur de BTP Prévoyance. Par rapport aux enjeux financiers de la dépendance (de l’ordre de 30 milliards d’euros par an), les cotisations restent modestes : 400 millions d’euros collectés en 2009, rappelle Olivier Picaud, Président de R&B Partners. Les rentes versées ou promises, (entre 300 et 500 euros par mois) « ne sont que des briques de solution » parmi d’autres financements, estime Yves Hérault d’AXA France. L’assurance dépendance n’est pas rentrée dans les mœurs et l’annonce d’un nouveau plan de réforme a plutôt ralenti le rythme des souscriptions. C’est en effet l’attentisme qui domine en attendant de voir ce que va décider l’Etat, écrit Jean-Claude Hazera, des Echos. Les gros bataillons d’assurés sont en fait des fonctionnaires ou assimilés, dont trois millions d’assurés de la Mutualité Fonction publique et quatre cent cinquante mille de la Mutuelle générale. Pour ces deux organismes, l’assurance dépendance est associée à une complémentaire santé. Pour financer la dépendance, la tentation est grande de s’appuyer sur ce produit existant, qui couvre 93% de la population. Une autre solution consisterait à toucher massivement la cible des salariés à travers des contrats de groupe d’entreprise, avec les mêmes effets que l’assurance décès, en « collectant plus et plus tôt », selon Olivier Picaud, de R&B Partners. Mais cette solution laisserait en dehors du système les non-salariés et les retraités. Yves Hérault, directeur du développement de l’activité prévoyance et dépendance pour Axa Assurances collectives, traduit « l’enthousiasme modéré » des assureurs sur le marché de l’assurance dépendance : « la nation a-t-elle besoin d’immobiliser les fonds propres des assureurs pour organiser un système de répartition ? » s’interroge-t-il.
Jean-Paul Panzani, président de la Fédération des mutuelles de France, regrette que la concertation voulue par le gouvernement soit aussi institutionnelle et si peu ouverte sur la société. Selon lui, la prise en charge de la dépendance ne se résume pas au versement d’une rente. La Mutualité fait le choix d’un financement collectif assis principalement sur la richesse produite et sur une fiscalité sans niche fiscale injustifiée et sans bouclier fiscal.
http://lecercle.lesechos.fr, 23 mars 2011. www.viva.presse.fr, 1er avril 2011.