Dépendance : quelle place pour les familles ? (1) Juin 2011

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
25 mars 2011

Du point de vue économique, il n’est tout simplement pas possible de se passer des familles. Environ quatre millions de personnes s’occupent, en France, de personnes dépendantes. L’aide apportée par la famille est deux à cinq fois plus importante que celle apportée par les professionnels, explique Roméo Fontaine, doctorant au Laboratoire d’économie et de gestion des organisations de santé (LEGOS) de l’Université Paris-Dauphine. Et même lorsque la personne dépendante bénéficie des services d’un ou plusieurs professionnels, dans 80% des cas la famille intervient toujours, ne serait-ce que pour assurer la coordination ou « remplir la paperasse ». Autrement dit, analyse Olivier Auguste, rédacteur en chef adjoint au service économie du Figaro, « autant dire que si la volonté politique avait été de ne recourir qu’à des professionnels formés pour cela et payés d’une façon ou d’une autre par la solidarité nationale, le coût serait insupportable pour les finances publiques ». Mais il ne faut pas « considérer que l’aide familiale est gratuite pour la collectivité » avertit Roméo Fontaine : elle engendre des coûts indirects : ceux qui consacrent du temps à leurs parents dépendants renoncent à des loisirs (donc à de la consommation) ou sont parfois contraints au temps partiel (d’où des moindres rentrées de cotisations sociales). Dans les cas les plus lourds, il faut aussi prendre en compte l’allocation chômage ou la pension de retraite versée à ceux qui doivent renoncer à travailler et les frais de santé pour ceux qui se fatiguent, physiquement et mentalement, à aider un proche. Le risque de troubles de santé mentale est en effet supérieur de 20% chez les aidants par rapport à celui observé en population générale, relève l’OCDE. Selon l’enquête européenne sur la retraite et le vieillissement Share, ceux qui aident un proche dans des limites « raisonnables » (moins d’une dizaine d’heures par semaine) n’en subissent pas trop les conséquences. Ceux qui parviennent à conserver leur travail, en particulier, échappent à l’épuisement psychologique.

Le Figaro, 18 mai 2011. Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org, juin 2011.