Dépendance : quel financement ? (2) Mai 2011

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
16 avril 2011

Pour Marie-Eve Joël, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, les scénarios sont très incertains. « Ni financier, ni technique, le débat sur la dépendance concerne la cohésion sociale » : « le débat est partagé entre la création d’un droit universel à la prise en charge des personnes dépendantes, ou un aménagement des dispositifs existants pour amortir la croissance démographique, en ciblant les catégories les moins bien traitées. Actuellement, les ménages riches s’auto-assurent et les plus pauvres peuvent bénéficier de l’aide sociale. Le problème touche surtout les classes moyennes, les personnes isolées (10% des personnes dépendantes), les familles dont le conjoint non dépendant n’a plus de ressources et celles dont la prise en charge à domicile est lourde en raison du niveau très élevé de dépendance ». Pour Marie-Eve Joël, « pour des états de dépendance légers, des arrangements familiaux combinés à de l’aide à domicile suffisent, à condition de ne pas vivre dans un désert médical, à la campagne ou à la montagne. On peut dans ce cas étendre l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), ce qui suppose un financement par l’impôt ou une journée de solidarité supplémentaire ». Selon elle, « en cas de grande dépendance, liée le plus souvent à une détérioration psychique, il faudrait une prise en charge totale par l’Etat en institution spécialisée ou à domicile selon les cas, ce qui rassurerait les seniors ainsi que leur famille. Un tel droit universel devrait être financé par des ressources fiscales de solidarité (contribution sociale généralisée, TVA, taxe immobilière). Le plus tentant pour les politiques est de jouer l’assurance privée. Mais il y a un tel déni de la dépendance que beaucoup de personnes ne vont pas s’assurer, ou ne le pourront pas. On peut envisager à la marge des produits financiers garantis par l’Etat pour permettre aux personnes âgées de mobiliser une partie de leur patrimoine immobilier ». 

Le Monde, 12 avril 2011.