Dépendance : enjeu électoral, enjeu assurantiel (4)
Droit des personnes malades
Monique Weber prévient : « derrière le soin, il y a du social. Avant d’être médicalisée, la maison de retraite, c’est le logement. Si les Agences régionales de santé (ARS) et les départements ne travaillent pas ensemble, nous retomberons dans les mêmes gâchis. Par exemple, quand un département ouvre une superbe maison de retraite dans un désert médical ». Pour Yves Vérollet, « tout le monde est d’accord pour une meilleure coordination, mais les financements restent cloisonnés. D’un côté, les départements sont étranglés par le coût de l’allocation personnalisée d’autonomie, de l’autre on doit pouvoir faire des économies sur l’hospitalisation… On ne trouvera pas de modèle idéal simple, mais il faut chercher d’autres formes de travail entre tous les secteurs ». Un nouvel acteur émerge : l’entreprise. Pour Yves Vérollet, « la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale est une préoccupation, que ce soit pour ceux qui ont des petits-enfants ou pour ceux qui ont un parent âgé. Des dispositifs existent en théorie, ils sont trop peu utilisés. Mais les organisations syndicales et patronales veulent sensibiliser davantage les entreprises là-dessus. On sent poindre aussi ces questions dans les négociations concernant les contrats de prévoyance entreprises ». Monique Weber ajoute : « la dépendance d’un parent peut durer quatre ou cinq ans. Pendant ce temps, le salarié – c’est le plus souvent une femme –, qui a autour de cinquante ans, doit mettre en partie sa vie professionnelle entre parenthèses. Et cela se répercute sur la vie de l’entreprise. Elle doit, au minimum, permettre un temps partiel pour que le salarié puisse gérer la situation. La dépendance ouvre une question de société qui déborde les clivages syndicaux : tout le monde peut être concerné, pour ses parents, pour soi-même plus tard. Pour Yves Vérollet, « c’est la première fois dans l’histoire que des générations encore en activité ont, de manière assez massive, des parents ou grands-parents très âgés susceptibles d’être dans la dépendance ou d’y entrer. Ce n’est plus juste le cas d’un salarié parmi d’autres. Mais encore peu de réponses sont données dans le cadre d’accords collectifs ».
CERAS. Projet n°326. Février 2012. www.ceras-projet.org/index.php?id=5672.