Dépendance : enjeu électoral, enjeu assurantiel (3)
Droit des personnes malades
Les syndicats disent « non à la privatisation de la dépendance ». Pour Yves Vérollet, nouveau président de l’UNA (Union nationale à domicile), secrétaire confédéral de la CFDT, membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), avec seulement trois milliards d’euros, « il est possible d’améliorer nettement la situation, sans avoir à bouleverser tout le système de financement. Certes, on pourrait envisager de basculer la protection de la dépendance. Mais le CESE a voté, de manière unanime, y compris les représentants des organisations patronales, pour garder un socle essentiellement public – les complémentaires existeront encore. Nous avons estimé qu’il n’y avait pas besoin non plus de basculer ce risque sur l’assurance-maladie ou l’assurance vieillesse, mais qu’il fallait trouver les sommes nécessaires sans alourdir les prélèvements pris sur les revenus du travail. Le CESE a donc fait deux propositions. La première concerne le patrimoine : en alternative à des propositions, en particulier sénatoriales, qui envisageaient une récupération des prestations dépendance sur les successions des personnes elles-mêmes, nous avons privilégié l’idée d’une taxe sur toutes les successions, à taux faible, qui abonderait la moitié des trois milliards d’euros recherchés ». Pour Monique Weber, pharmacienne, responsable des relations avec les professions de santé au CESE et représentante de la CGC, « les successions et donations ne sont pas imposées actuellement. La taxe ne concernerait donc pas seulement les personnes aidées. La solidarité de leur famille est aujourd’hui très fortement mobilisée, leur demandant des sacrifices importants. Nous ne pensons pas qu’il soit juste de les pénaliser doublement ». La seconde proposition du CESE (sur laquelle plusieurs organisations se sont abstenues) suggère d’augmenter la CSG (contribution sociale généralisée) payée par les retraités, ce qui permettrait de trouver le 1.5 milliard d’euros restant. Yves Vérollet et Monique Weber invitent à mettre en œuvre une meilleure prévention et une meilleure coordination, pour éviter « du gâchis » : « un aidant appelle le service d’aide médicale d’urgence (SAMU) après un malaise de la personne âgée, alors qu’une bonne prévention eût coûté bien moins (qu’on pense à l’effet canicule…) ! L’hospitalisation a un coût en elle-même, mais elle coûte aussi après. La personne âgée hospitalisée est désorientée et n’est pas préparée pour son retour au domicile. Sa dépendance débute à l’hôpital ! Une aide mieux coordonnée en amont, ce n’est pas un coût mais une économie ».
CERAS. Projet n°326. Février 2012. www.ceras-projet.org/index.php?id=5672.