Dépendance : de quoi parle-t-on ? (1)
Droit des personnes malades
Pour le sociologue Bernard Ennuyer, « le vocable dépendance est devenu, au fil du temps, le stigmate, c’est-à-dire un attribut péjoratif, des personnes âgées qui vieillissent avec des difficultés de vie quotidienne. Il a conduit à la mise en place d’une politique publique spécifique et ségrégative en direction des “personnes âgées dépendantes”. Récemment, c’est le mot perte d’autonomie qui s’est imposé pour définir cette population ayant besoin d’être aidée dans sa vie quotidienne, entraînant une confusion redoutable entre incapacité fonctionnelle et incapacité décisionnelle. » Le sociologue propose de remplacer ces vocables négatifs par le vocable européen de « besoin d’aide et de soins de longue durée. »
Pour Alain Colvez, médecin épidémiologiste et Jean-Louis Loirat, ancien directeur délégué de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, « la « dépendance » est un raccourci de langage pour dire « dépendance d’un tiers pour les actes de la vie courante », les « actes fondamentaux de la vie humaine qui doivent être obligatoirement accomplis pour rester vivant ». La classification internationale des conséquences des états chroniques de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) définit six « rôles de survie » : la mobilité physique ; l’indépendance physique pour les actes élémentaires de la vie quotidienne ; les occupations élaborées à caractère social ; l’intégration sociale ; la suffisance économique ; l’orientation dans le temps et dans l’espace. »
Ennuyer B. Enjeux de sens et en jeux politiques de la notion de dépendance. La politique en matière de dépendance en France et en Europe : des enjeux multiples. Gérontologie et société 2013 ; 145 : 25-35. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_145_0025. Juin 2013. Colvez A et Loirat JL. L’assurance dépendance en « supplémentaire » ou en « complémentaire ? » Gérontologie et société 2013 ; 145 : 129-139. Juin 2013. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_145_0129.