Dépendance : comment financer un monde de « vieux » ?
Droit des personnes malades
« Une prise de conscience des conséquences économiques du vieillissement de la population est urgente. Alors que la part des personnes âgées ne cesse d’augmenter et que les années post-retraite se comptent désormais en décennies, la question de la perte d’autonomie, partielle ou totale, et qui doit devenir le « cinquième risque »de la Sécurité sociale, est plus que jamais centrale au sein des familles », écrit Le Monde, dans un dossier spécial consacré à la prévoyance et à la dépendance, réalisé en partenariat avec le Crédit agricole. Anne Rodier explique que les conséquences financières du vieillissement restent encore assez théoriques pour les Français, qui se sentent peu concernés. Selon le baromètre AXA-CSA de mars 2012, l’allongement de la durée de la vie n’est perçu comme un bouleversement majeur que par 28% d’entre eux. « Il est vrai que les études prospectives sur les conséquences du vieillissement de la population n’évoquent pas de nécessaires bouleversements structurels. En pariant à la fois sur une amélioration des taux d’emploi des seniors et sur de nouvelles opportunités de croissance liées au marché de cette même tranche d’âge, ces scénarios font encore la part relativement belle aux futurs fruits de la croissance et laissent accroire que le problème se réglera partiellement de lui-même », écrit la journaliste, rappelant une étude publiée en 2012 par la chaire Transitions démographiques et transitions économiques de l’Université Paris-Dauphine, soutenant que l’incitation des générations futures à investir davantage dans le capital humain, dans l’éducation, la santé, les services aux personnes âgées, stimulerait, à long terme, la croissance économique. Selon Jean-Marc Daniel, professeur à l’ESCP-Europe et chroniqueur au Monde Economie, « les rentes constituent un frein au développement de la croissance ». Les Français sont donc condamnés à travailler le plus tard possible et à épargner le plus tôt possible. Pour Claude Fath, président de l’Association d’assurés pour la retraite, l’épargne et la prévoyance (Agipi), la prise de conscience que le système public financera insuffisamment leurs pensions touche essentiellement les classes moyennes supérieures, qui cotisent à des systèmes de retraite volontaire.Dans un premier temps, poursuit Claude Fath, les Français continueront à utiliser l’assurance-vie (57 % des placements à moyen et long terme) comme principal complément de pension, tant qu’ils estimeront supportable la baisse de leurs revenus. Ce n’est qu’au fur et à mesure que le niveau de pension va baisser que l’assurance-vie deviendra de plus en plus le moyen d’acheter une rente viagère, qui garantit un revenu sur toute la durée de la vie, aussi longue soit-elle. » Encore faut-il que les Français aient les moyens d’épargner.
www.lemonde.fr, 10 septembre 2012.