Demoiselles de compagnie

Société inclusive

Date de rédaction :
25 septembre 2014

Colette Roumanoff, metteur en scène, qui aide son mari Daniel, écrit « Il est désorienté. Il lui faut donc une boussole pour pouvoir se déplacer dans un espace même familier. Un GPS [système de localisation par satellite] ne fera pas l’affaire… sauf peut-être tout au début, tant que l’autonomie est préservée. Quand il lui manque trop de repères et qu’il ne peut plus rester seul, il lui faut en permanence de la compagnie, pour aller et venir, pour trouver les toilettes, pour faire les courses, pour se promener, lire ou aller au cinéma etc… Il faut savoir que l’ennemi du patient c’est le stress mais c’est aussi l’ennui. Pendant longtemps j’ai été la demoiselle de compagnie de Daniel, sans le savoir. » « Daniel adore marcher et apprécie beaucoup d’être dehors. La porte est codée mais il ne se sent jamais enfermé. Il a des demoiselles de compagnie qui l’emmènent se promener. C’est parmi les étudiantes surtout que je les ai trouvées, particulièrement celles qui sont en fin d’études et qui ont du temps libre en semaine. » Une annonce sur un site étudiant “cherche demoiselle de compagnie pour patient Alzheimer” a donné beaucoup de réponses. Daniel est ravi de rencontrer de nouvelles personnes même s’il n’arrive pas à mémoriser les prénoms. C’est une sorte de tissu social qui se crée. Le poissonnier me disait l’autre jour : « je ne sais pas quel est le métier de votre mari mais il est toujours accompagné de charmantes demoiselles ! » L’une d’entre elles écrit sur le livre d’or : « Cette rencontre avec Daniel a été très enrichissante pour moi. Avec le temps j’ai appris que l’on peut vivre avec cette pathologie. Il faut simplement être à l’écoute de la personne. Nous avons passé de très bons moments à rire, à philosopher durant nos longues promenades. Daniel ressent les émotions directement. Il a besoin d’être entouré de personnes de bonne humeur. Je me souviens d’un fou rire lorsque Daniel a sursauté en recevant une goutte d’eau sur son front. Il pensait que quelqu’un lui jetait de l’eau alors que ce n’était que la pluie. Et lorsqu’il me dit : « vous être très agréable » cela me procure une joie immense. »