Démence n’est pas folie
Société inclusive
Martine Lochouarn, du Figaro, écrit : « démence n’est pas folie. Pour les neurologues, la démence se définit comme l’altération durable et sévère des fonctions cognitives – mémoire, attention, vigilance – et comportementales d’une personne, au point de lui faire perdre son autonomie dans la vie quotidienne. Pour autant, constater un syndrome de démence ne renseigne pas sur sa cause. Pas plus qu’une fièvre n’indique si elle est due à un panaris, une grippe ou une méningite… La démarche médicale a longtemps consisté à en faire le diagnostic puis à essayer d’en retrouver la cause. Après avoir éliminé toutes les hypothèses, on arrivait, par exclusion, au diagnostic de démence d’Alzheimer. Parce qu’elles présentaient parfois un tableau assez indifférencié, certaines démences étaient attribuées à tort à la maladie d’Alzheimer. Or, si c’est la cause la plus fréquente de démence, la maladie d’Alzheimer ne les résume pas toutes : avant l’âge de soixante-cinq ans, seules 50% sont dues à la maladie d’Alzheimer, 70% au-delà. Les autres ont une origine neurodégénérative – démences fronto-temporales et maladie à corps de Lewy surtout -, ou vasculaire. La neurologue Florence Pasquier, responsable du centre national de référence pour les malades Alzheimer jeunes au CHRU de Lille, rappelle que dans les vingt-cinq consultations mémoire du Nord-Pas-de-Calais, la part des démences non-Alzheimer augmente depuis 1987. « Mais c’est peut-être aussi parce qu’on les repère mieux ». Ces autres démences neurodégénératives sont dues à des lésions différentes, qui touchent des zones distinctes du cerveau. « Cela donne à chacune un profil caractéristique de troubles cognitifs et comportementaux, que nous avons pu définir très précisément ces dernières années, ce qui permet maintenant de les identifier de façon assez formelle. La découverte de marqueurs biologiques ou d’imagerie spécifique vient désormais confirmer pour chacune le diagnostic clinique », explique le Pr Bruno Dubois, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris.
http://sante.lefigaro.fr, 28 avril 2016.