Démence et vision : les conséquences d’une basse vision non traitée (2) Novembre 2010
Échos d'ailleurs
Pour la Société Alzheimer et la Fondation Thomas Pocklington Trust (Royaume-Uni), au moins 2.5% des personnes âgées de soixante-quinze ans et plus ont à la fois une démence et une basse vision, ce qui représenterait cent mille personnes au Royaume-Uni, parmi les sept cent cinquante mille personnes atteintes de démence. Les deux organisations ont signé en octobre 2009 un accord de coopération pour que la détection et la prise en charge de la basse vision soient intégrées à l’accompagnement de la démence, dans un modèle sensoriel du soin. Ruth Bartlett, de la division des études sur la démence et Declan McKeefry, de la division d’optométrie de l’Université de Bradford, ont publié des recommandations pour la pratique et la recherche. Plusieurs questions se posent pour sensibiliser les professionnels à la perte de la vision chez les personnes démentes : la couleur et le contraste, la connaissance de la personne, l’information délivrée, le port de lunettes, les consultations de prévention. Une autre étude, menée par Joanna Murray, Dominic Ffytche et Kate Briggs, de l’Institut de psychiatrie du King’s College de Londres, s’intéresse aux hallucinations visuelles, qu’elles soient simples (flashs, formes et couleurs) ou complexes (figures, visages et objets). Ces hallucinations concerneraient 30% des personnes présentant à la fois une démence et une basse vision. Seules les hallucinations complexes sont observées dans la démence. Elles sont associées avec d’autres hallucinations sensorielles (comme des voix) et des délires, et les expériences semblent réelles pour la personne malade. Ces hallucinations sont associées à des troubles plus sévères du comportement, à un déclin plus rapide et peuvent conduire à une entrée en établissement.
Quel est le lien entre la basse vision non traitée et le déclin cognitif ? Mary Rogers et Kenneth Langa, du service de médecine interne de l’Université du Michigan (Ann Arbor, Etats-Unis), dans une étude épidémiologique portant sur six cent vingt-cinq personnes sans troubles cognitifs à l’inclusion, montrent que la basse vision est associée significativement à la survenue d’une démence. Les personnes dont la vue est bonne ou excellente à l’inclusion ont un risque de démence réduit de 63% à un horizon moyen de 8.5 ans. Les personnes n’ayant pas consulté d’ophtalmologiste présentent un risque de développer une maladie d’Alzheimer multiplié par 9.5, et un risque de développer des troubles cognitifs sans démence multiplié par 5.
Clive E et al. Sight loss and dementia : developing effective services. P1.1. 20th Alzheimer Europe Conference. Luxembourg, 1-2 octobre 2010. www.alzheimer-europe.org/EN/Conferences/Previous-conferences/2010-Luxembourg.
Pocklington Trust.People with dementia and sight loss: a scoping study of models of care. Octobre 2009. Pocklington Trust.Visual Hallucinations in Sight Loss and Dementia. Octobre 2009. www.pocklington-trust.org.uk.
Rogers MA et Langa KM. Untreated poor vision: a contributing factor to late-life dementia. Am J Epidemiol 2010; 171(6):728-35. Mars 2010. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20150357.