Démence et dépendance : cohortes françaises

Recherche

Date de rédaction :
30 novembre 2011

L’équipe du Professeur Jean-François Dartigues, de l’équipe Epidémiologie et neuropsychologie du vieillissement cérébral (Inserm U897) à l’Université Victor-Segalen Bordeaux 2, en collaboration avec l’équipe Neuropsychiatrie, recherche épidémiologique et clinique (Inserm U1061) de Montpellier et Alain Colvez, responsable du suivi du projet pour la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, publient les résultats de vingt années de suivi de cas prévalents et incidents de démence, à partir des données des trois cohortes Paquid, Trois Cités et AMI, portant sur 9 142 participants. Au total, 1 495 cas de démence ont été observés. L’analyse est complexe : treize définitions de la dépendance ont été retenues, prenant en compte quatre activités de base de la vie quotidienne (ADL : s’habiller, faire sa toilette, réaliser le transfert lit-fauteuil, s’alimenter ; outils de référence des niveaux assurantiels actuels) et cinq activités instrumentales (IADL : utiliser le téléphone, faire ses courses, utiliser les transports, gérer son budget, gérer la prise de médicaments). Quelle que soit la définition de dépendance considérée, la prévalence de la dépendance (cumulée) est largement supérieure dans le groupe des personnes atteintes de démence. Par exemple, 55% des personnes atteintes de démence sont totalement dépendantes pour au moins une activité de base de la vie quotidienne (ADL) sur quatre, contre seulement 6.4% chez les personnes non atteintes de démence. La fréquence de la démence augmente avec la sévérité de la dépendance pour atteindre 84% des personnes les plus dépendantes. La chronologie de l’atteinte entre la survenue de la démence et celle de la dépendance n’a pas été analysée. Toutefois, pour les activités de base de la vie quotidienne (ADL), les auteurs font l’hypothèse que « la survenue de la dépendance est postérieure au diagnostic de démence, le diagnostic se faisant plutôt au stade de l’atteinte des activités instrumentales de la vie quotidienne, qui sont atteintes plus précocement dans le processus démentiel ». Parmi les personnes dépendantes pour les activités instrumentales de la vie quotidienne (IADL), la proportion de personnes atteintes de démence varie entre 31.6% chez les personnes les moins dépendantes et 81.2% pour les personnes les plus dépendantes.

Pérès K et al. Projet Dépendance. 4 cohortes épidémiologiques : Haute Normandie, Paquid, 3Cités et AMI. Rapport final. Novembre 2011. www.espace-ethique-alzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/.