Démarche éthique aux urgences
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Les services d’urgence sont confrontés à la prise en charge de patients âgés aux nombreuses comorbidités. Les décisions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques (LAT) font donc partie intégrante du métier d’urgentiste, mais peu de services ont mis en place des protocoles d’aide à la décision éthique », écrivent Justine Bereau et ses collègues, du service d’accueil des urgences au CHU Saint-André de Bordeaux. Les urgentistes ont rédigé une procédure de décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques, et ont réalisé une étude d’observation prospective sur quatre mois chez cinquante-neuf personnes de plus de soixante-quinze ans pour lesquelles une décision de limitation a été prise. Ces personnes présentaient toutes de lourdes comorbidités. Lors de la décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques, le patient a pu donner son avis dans 15% des cas, la famille est intervenue pour 93% des patients et le médecin traitant pour 61% d’entre eux. Les principaux critères de décision étaient la dépendance antérieure, les comorbidités, la faible qualité de vie espérée et le diagnostic principal lors de l’admission aux urgences. Pour la plupart des patients une décision de limitation a été prise et leur orientation était l’unité d’hospitalisation de courte durée. Deux patients sur trois (66%) sont décédés un mois plus tard. Pour les auteurs, la mise en place d’une telle procédure permet désormais à chaque urgentiste de prendre des décisions de limitation de façon protocolisée. L’originalité de la procédure repose sur le fait que ces décisions sont prises avant la réalisation d’une réanimation.
Béreau J et al. Démarche éthique aux urgences : étude chez les plus de soixante-quinze ans. Rev Gériatrie, 39(5) : 309-315. Mai 2014.