Demande de mort : quelle approche clinique ? (2)

Pour Donatien Mallet et ses collègues, « cette démarche clinique ne prend sens que si elle s’insère dans une rencontre marquée par une réciproque reconnaissance, certes de la différence des acteurs, mais aussi de leur équivalence morale et de leur responsabilité singulière. Afin de compléter l’analyse et d’éviter les travers d’un colloque trop fermé, ces rencontres gagnent à se prolonger par une délibération en équipe. L’objectif est de construire, de manière créative, des projets de soin et d’accompagnement adaptés au patient. Mais parfois, plutôt que de se confiner dans une posture de réponse, l’enjeu est de partager solidairement un questionnement sur le sens ou non-sens de l’existence humaine. Il est en effet illusoire, et potentiellement dangereux, de penser que les soignants pourraient colmater l’ensemble de la détresse ou des interrogations humaines face à la mort ». Si la demande persiste, une alternative est la recherche d’un compromis, selon l’approche éthique proposée par le philosophe Paul Ricœur : l’arrêt d’une nutrition ou d’une ventilation artificielle, l’instauration d’une sédation, le maintien dans un service de soins ou l’engagement de reprendre le patient dès qu’il en formulera la demande. Sur le plan éthique, le compromis porte en lui-même un repère partagé par les divers acteurs. Il atteste que la « valeur » de la rencontre dépasse les repères personnels de chaque acteur. Il engendre un pacte qui est une modalité de lutter contre l’isolement ou la violence ». Dans certaines situations où aucun accord n’apparaît, peut-on envisager une rupture de la relation soigné-soignant ? s’interrogent les médecins. Rupture à l’initiative de la personne malade qui ne se sentirait pas rejointe dans sa demande. Rupture du fait des soignants car ils ne parviennent pas à élaborer un pacte de soins avec un patient.

Mallet D et al. L’euthanasie : approche clinique et recherche d’alternatives. Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer, janvier 2013. www.espace-ethique-alzheimer.org/edito_archives_mallet_aout2012.php.