Dehors, les vieux !

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 mai 2010

Alors que les plans Alzheimer se succèdent, « rien ne bouge sur le terrain », selon le Dr Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul Brousse, de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à Villejuif. En application de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), explique t-il dans une tribune du Monde, « l’AP-HP a décidé de regrouper ses hôpitaux dans le but de faire des économies, en fermant si possible des services. Ainsi, dans le nouveau groupe Béclère-Bicêtre-Paul-Brousse, la première décision, dont l’objectif est de récupérer 1 à 2 millions d’euros, est de fermer ou de transférer le service de gériatrie de l’hôpital Bicêtre. Alors que c’est le seul bâtiment vraiment conçu pour les malades âgés de ce groupe. Bicêtre a donc décidé de jeter ses vieux pour faire des économies. Dans ce même groupe, l’hôpital Paul-Brousse a déjà fermé cent lits de soins de longue durée (SLD), doit encore en fermer dix-huit en 2010 et en transformer soixante en lits d’unité d’hébergement pour personnes âgées désorientées (UHPAD, équivalent de maison de retraite). Pour l’instant, les lits ferment et il n’y a pas de créations à côté, ou très peu, ce qui entraîne un blocage de la filière gériatrique. Les malades restent plusieurs mois en soins (moyen séjour) avant de trouver une place en long séjour ou en maison de retraite (EHPAD). Le moyen séjour étant bloqué, il ne peut pas accueillir les malades du court séjour qui, lui-même, ne peut pas prendre les malades des urgences. Au final, faute de places, les urgences renvoient à domicile des malades âgés qui devraient être hospitalisés »
Concernant le moyen séjour, le système de tarification à l’activité sera mis en place en 2012. Le seul moyen pour rentabiliser les lits sera de garder les malades le moins longtemps possible (moins de quarante jours). Or les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ont des durées moyennes de séjour allant de six à neuf mois. Le projet de réintégration des médicaments dans le budget global servira à restreindre l’accès aux médicaments pour les malades âgés en institution, d’où encore des économies, ajoute le Dr Trivalle, ce qui contribue à donner l’impression d’un rejet des personnes âgées dans le pays.

Le Monde, 24 avril 2010.