Déficience auditive et maladie d’Alzheimer : quel rapport ? (1)

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Date de rédaction :
01 mars 2011

La déficience auditive toucherait plus de 5.1 millions de personnes en France métropolitaine (8.7% de la population). Aux Etats-Unis, une étude menée par l’Institut Johns Hopkins de Baltimore montre une prévalence de 63% chez les personnes âgées de soixante-dix ans et plus. Le taux d’appareillage est de 40% au stade modéré de la perte auditive, et de 3.4% au stade débutant. Le Figaro consacre un dossier au sujet. Le Dr Christine Poncet-Wallet, oto-rhino-laryngologiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), souligne l’importance de détecter précocement la presbyacousie, liée au vieillissement naturel de l’oreille interne : celle-ci se traduit par une atteinte des cellules sensorielles chargées de détecter les fréquences aigues et apparaît après la cinquantaine chez l’homme, après la soixantaine chez la femme. Le cerveau a besoin de cet entraînement quotidien pour continuer à faire la sélection entre bruits de fond et informations sonores utiles. « Ainsi, quand on attend trop pour porter une aide auditive, on se sent soudain envahi par la réapparition des bruits du quotidien qu’on avait oubliés, qui peuvent devenir intolérables. Et il est encore plus difficile d’entendre et de comprendre ce que l’on veut. C’est une cause d’échec des aides auditives ». L’autre raison pour laquelle il est conseillé de ne pas trop attendre pour porter une aide auditive est l’impact du handicap auditif sur la santé. « En vieillissant, beaucoup de personnes âgées se retrouvent seules. Les réunions entre retraités, la télévision, les appels téléphoniques des enfants, représentent alors des occasions pour rester en contact avec le monde extérieur. Si elles disparaissent, c’est la porte ouverte à beaucoup de troubles. Certaines études récentes suggèrent ainsi qu’une audition préservée diminuerait le risque de survenue de la maladie d’Alzheimer », explique le Dr Poncet-Wallet. Selon l’étude de Lin et al (Arch Neurol), ce risque est multiplié par un facteur allant de 1.89 au stade léger de la perte auditive (perte de 25 à 40 décibels par rapport à la normale sur la meilleure oreille) à 4.94  au stade sévère (perte supérieure à 70 décibels).

Le Figaro, 7 mars 2011. Lin FR et al. Hearing Loss Prevalence and Risk Factors Among Older Adults in the United States. J Gerontol A Biol Sci Med Sci, 27 février 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21357188. Lin FR et al. Hearing loss and incident dementia. Arch Neurol 2011 ; 68(2) : 214-20. Février 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21320988. Gates GA et al. Executive dysfunction and presbycusis in older persons with and without memory loss and dementia. Cogn Behav Neurol 2010; 23(4) : 218-223. Décembre 2010. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21150347.