Créativité et maladie d’Alzheimer : qu’en pensent les psychanalystes ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
10 juin 2011

Marie Péruchon, maître de conférences à l’Université René Descartes (laboratoire de psychologie clinique et pathologique de Boulogne-Billancourt), compare les peintures et dessins de personnes atteintes de schizophrénie et de « démence sénile de type Alzheimer », qui présentent selon elle des « expressions parfois similaires (comme la répétition ou le remplissage à valeur défensive) ou des points communs (telle la confusion des limites et des règnes », mais avec « un cheminement fort différent de la pulsion de mort ». Elle écrit : « dans la démence installée ou avancée, ces productions témoignent de l’anéantissement des représentations symboliques ou de l’élaboration mentale, laissant place à des contenus primaires souvent drainés par une pensée opératoire cassée et basée sur le perceptif, le pragmatique et le réel. Cette désintériorisation ne manquera pas à la longue d’ébranler l’identité. Toutefois, subsistent çà et là, et encore assez longtemps, l’affect ainsi que la relation d’objet qui finiront eux aussi par être endommagés ». « Du côté de la démence sénile de type Alzheimer, la déliaison s’accuse au fur et à mesure des progrès de l’involution jusqu’à porter atteinte aux limites, aux enveloppes psychiques et aux contenus représentatifs. Des paliers de fixation (sorte de crans d’arrêt) où s’accroche encore un peu la libido, peuvent cependant exister, autorisant des mouvements régressifs, irréalisables dans la schizophrénie, et freinant les effets délétères de la pulsion de mort ».

Péruchon M. Créations picturales ou graphiques dans la maladie d’Alzheimer et dans la schizophrénie. Gérontologie et société 2011 ; 131-150. Juin 2011.