Coordination : prévenir les situations d’urgence Janvier 2009

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 janvier 2009

Pour le Pr Gilles Berrut, du CHU de Nantes, vice-président de la Fédération nationale des centres mémoire de ressource et de recherche, mis à part les traumatismes et affections aigus mettant en jeu le pronostic vital ou une décompensation viscérale grave, l’hospitalisation peut être différée. En effet, les traumatismes lors des chutes sont rares (6% de l’ensemble des chutes chez les personnes âgées), de même que les décompensations viscérales graves non prévisibles (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, infection sévère). Dans tous les autres cas, et en particulier lors des troubles psycho-comportementaux, la prise en charge sanitaire peut être organisée dans les vingt-quatre à quarante-huit heures. Ce délai peut être utile pour permettre une admission directe en court séjour gériatrique dans un milieu adapté, et d’éviter ainsi, le plus souvent, une admission en service d’urgence. Ceci impose que l’hôpital mène une réflexion sur les conditions d’admission directe en court séjour gériatrique sur des tranches horaires suffisamment large, et veille à une information suffisante des praticiens et du public pour que le contact téléphonique avec un praticien hospitalier soit possible. Prévenir une situation d’urgence relève d’une pratique médicale vigilante utilisant les moyens usuels de la prise en charge en médecine générale associée aux outils développés en gériatrie. La principale difficulté dans l’accueil d’une personne ayant la maladie d’Alzheimer est la pauvreté des renseignements médicaux qui l’accompagnent. Le Pr Berrut rappelle aux médecins traitants et aux aidants que « la tenue d’un petit dossier médical conservé à domicile est la garantie d’un accueil techniquement correct à l’hôpital. Une simple chemise contenant quelques examens biologiques récents, les dernières ordonnances et la liste des antécédents améliorent fortement la qualité d’accueil» : les hospitalisations aigües se font assez souvent en fin de journée, la nuit ou le week-end sur des horaires d’astreinte ou de garde. Souvent, le médecin appelé n’est pas le médecin traitant, et le dossier du patient n’est pas accessible, puisque conservé au cabinet du médecin traitant. En l’absence d renseignements, il faut en moyenne cinq jours pour préciser le motif de l’hospitalisation chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, prolongeant d’autant plus l’hospitalisation et ses risques iatrogènes.
Réalités familiales, décembre 2008.