Conversations pour rien

Société inclusive

Date de rédaction :
16 avril 2012

« Je ne fréquente personne », écrit sur son blog Swapna Kishore, aidante de Bangalore (Inde), dans un article intitulé : « Mon immunité sociale amoindrie ; la pitié non sollicitée que les gens ont pour ma mère ; je veux m’enfuir et me cacher : j’ai besoin de faire une pause ». Elle explique : « Je rencontre des gens lorsque je me promène. Plus de la moitié de ces conversations pour rien (stray conversations) finissent par me rendre complètement déconnectée des autres. Je ne parle pas de l’état de ma mère à moins que l’on me le demande explicitement. Quand je réponds, je note que la plupart de mes interlocuteurs semblent insatisfaits ; on dirait qu’ils attendent une évolution depuis la dernière fois, une guérison miraculeuse, ou un décès, quelque chose de différent et peut-être de plus intéressant. Que je dise « son état est stationnaire mais se détériore lentement » fait peut-être penser à un film ennuyeux. C’est peut-être pour cela qu’ils arrêtent d’enregistrer ce que je dis, parce qu’ils répètent souvent des questions auxquelles j’ai répondu déjà plusieurs fois (oui, elle est toujours alitée ; non, elle ne peut pas marcher, même jusqu’à la toilette ; non, elle ne peut toujours pas parler, mais elle semble heureuse, elle est en bonne santé compte tenu de son état). Malheureusement, à vrai dire, peu de personnes écoutent et répondent à ce que je décris. Très peu de personnes acceptent ma réalité et la réalité de ma mère comme un fait avéré. J’apprécie quand les personnes comprennent, ou essaient de comprendre. Avec ceux qui connaissaient ma mère, nous pouvons parfois partager le sens de la perte de ce qui aurait pu arriver, tout en sachant que le regret et la tristesse sont futiles. Mais oui, nous pouvons partager cela. Si quelqu’un me prend dans ses bras, cela me suffit parfois ».