Contagion émotionnelle
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Les changements émotionnels sont fréquents dans le déficit cognitif léger et la maladie d’Alzheimer. Des études de connectivité en neuro-imagerie montrent que la dégradation du réseau dit « par défaut » [default-mode network : état de repos à partir duquel l’activité du cerveau change dès qu’une demande externe apparaît et vers lequel il retourne lorsque celle-ci disparaît], dans la maladie d’Alzheimer, s’accompagne de l’activation d’un réseau neuronal impliqué dans les réactions émotionnelles. Par ailleurs, les neurobiologistes connaissent depuis longtemps le phénomène de « contagion émotionnelle », un mécanisme de partage de l’affect entre deux individus, où les émotions d’une personne émettrice sont transférées à une personne réceptrice (fou rire, panique…). Ce mécanisme est hautement conservé au cours de l’évolution. Une étude menée auprès de deux cent trente-sept personnes par Virginia Sturm, professeur assistant au département de neurologie de l’Université de Californie à San Francisco, montre que la contagion émotionnelle croît à mesure que les troubles cognitifs progressent. « Le calme appelle le calme », observe Sam Gandy, professeur de neurologie à l’hôpital Mount Sinai de New York. Dans le déficit cognitif léger et la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence de structures du lobe temporal, des zones du cerveau importantes pour la détection du signal affectif et l’inhibition des émotions, sont associées à des mécanismes régulateurs des émotions.
Sturm VE et al. Heightened emotional contagion in mild cognitive impairment and Alzheimer’s disease is associated with temporal lobe degeneration. Proc Natl Acad Sci USA 2013; 110(24): 9944-9999. 28 mai 2013. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23716653.