Consentir ou assentir ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
22 août 2015

« Comment consentir à une décision qu’on n’a pas vu venir, qui vient d’ailleurs, quand on n’est plus soi-même, quand la compréhension, le discours, la faculté de se projeter sont altérés ? » s’interroge Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre du sujet âgé au centre hospitalier Émile-Roux (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). « Comment, dans notre société qui érige en valeur culte le principe d’autonomie, exiger, quand celle-ci décline, une réflexion, une délibération et un accord, même tacite, à un projet qui n’a jamais pu être pensé ? Faut-il continuer à rechercher ce consentement ? Faut-il y préférer un assentiment plus tacite et passif ou un choix éclairé ? Le terme de consentement, au sens de l’expression d’une autonomie complète, est sans doute inapproprié dans le contexte de cette maladie. Ce qui serait alors à rechercher, ne serait-ce pas un assentiment profond, un accord de participation fondé sur une compréhension parfois incomplète, ou par des signes marquant une confiance ? Le consentement, voulu et mutuel, implique avec la maladie d’Alzheimer une asymétrie, une dissymétrie : d’un côté, un choix consensuel, une décision partagée, une liberté de dire non, de l’autre, des décisions unilatérales, un refus impossible. »

Lefebvre des Noëttes V. Le tragique de l’indécidable. Éthique, sociétés et maladies neuro-dégénératives. Le Journal de l’Espace éthique 2015 ; Hors-série : 19. Septembre 2015.