Conseillers démence : la confusion des professionnels
Échos d'ailleurs
Pour Susan Mary Benbow, géronto-psychiatre, et Paul Kingston, infirmier psychiatrique au centre du vieillissement et de santé mentale de l’Université du Staffordshire (Royaume-Uni), la stratégie nationale anglaise sur la démence a mis en avant l’importance d’un personnel spécialisé, et introduit le nouveau rôle de « conseiller démence » (dementia adviser), « pour faciliter l’accès à des soins et un accompagnement approprié, le soutien et le conseil aux personnes ayant un diagnostic de démence et leurs aidants ». Malgré les tentatives de développement d’une stratégie pour la démence au niveau national et régional, sur le terrain, les intitulés de postes ouverts au recrutement sont variés : « conseillers », « navigateurs », « coordonnateurs » ; ces personnels sont employés dans des organisations très diverses, dans des établissements, des associations, dans la santé ou le travail social, dans différents types de dispositifs, au niveau des soins primaires ou spécialisés. Les deux professionnels s’inquiètent : selon eux, ce développement confus, bien que censé compléter les services et assister les usagers et leurs aidants dans leur parcours avec la maladie, peut potentiellement « fragmenter les services et dé-professionnaliser la prise en soins ». Les nouveaux rôles, compétences et formations sont encadrés au moins à trois niveaux : ministériel (Department of Health), autorités stratégiques de santé (Strategic Health Authorities) et dispositifs de prise en charge (service providers). Quelle influence auront les autorités stratégiques de santé sur l’achat et l’offre de service ? Chaque agent risque de développer sa propre réflexion sur les dispositifs pour la démence, et n’utilisera pas nécessairement les parcours de soins et d’accompagnement standardisés (care pathways) développés nationalement ou régionalement. Ces nouveaux rôles sont-ils administratifs ou cliniques ? Quelle expérience et quelle formation sont-elles requises ? Un guichet unique facilitera-t-il réellement l’accès des populations défavorisées aux travailleurs sociaux ? Le dispositif sera-t-il vraiment simple et rapide pour les personnes malades et leurs aidants ? Les points de vue des professionnels, bousculés par la rapidité de la mise en œuvre de la stratégie nationale sur la démence et la crainte de duplication des rôles, sont contradictoires.
Benbow SM et Kingston P. Developing the dementia worforce : Numerus turbatio-“Total confusion”. Dementia 2010 ; 9(3): 307-310. Août 2010.